Par Mamadou Aliou Diallo
Lancé il y a six ans, à l’époque de la transition dirigée par la junte militaire au pouvoir, le train passager de banlieue Conakry Express est à l’arrêt depuis le 1 octobre dernier. Motif invoqué alors par le partenaire chinois, China international fund, l’État guinéen n’a pas honoré sa part du contrat.
Plus de deux mois après, les répercussions se font sentir au sein des usagers de la haute banlieue de Conakry, qui empruntent depuis 2010, ce train chaque matin pour se rendre à leurs services. L’impact est aussi perceptible dans le transport inter-urbain fortement congestionné à Conakry depuis son arrêt.
Lorsque la décision a été prise par les chinois d’arrêter unilatéralement leurs services dans le fonctionnement du train, les autorités Guinéennes ont engagé des pourparlers avec la partie chinoise dans le but de trouver un compromis. Nous sommes allés interroger le directeur national des chemins de fer de Guinée (SNCFG) sur l’évolution des négociations.
Le responsable de la SNCFG est revenu sur les acquis déjà obtenus depuis le début des négociations »Nous continuons à fournir tous les éfforts possibles au niveau des partenaires chinois, au niveau du ministère des finances, du département des transports et de la direction nationale des chemins de fer de Guinée. Ces éfforts tournent autour de la convention de la partie chinoise. À ce niveau, il y a deux projets de conventions que nous avons conclu. Le premier portant sur l’investissement et la fourniture de carburant que les chinois ont fait, la seconde convention porte sur l’assistance technique, la fourniture du carburant, le suivi du train et la formation du personnel guinéen dont l’ensemble forme le volet assistance technique, ça c’est l’objet de la deuxième convention. Ce sont donc les deux conventions que nous sommes entrain de finaliser avec le partenaire chinois (CIF), le ministère de l’économie et des finances pour que les chinois et l’État soient en règle chacun vis à vis de l’autre par rapport à ce partenariat » a annoncé Badras Yora.
Il explique que les contextes lors du démarrage de ce train et maintenant ne sont plus les même notamment » les taux d’intérêts qui sont actuellement préconisés par le gouvernement sont de 1.5 à 2%, alors qu’au départ le train a été fourni sur la base de six pour cent d’intérêt, cela est inacceptable, pense t-il, dans le contexte actuel car nos engagements avec les institutions de Bretton Woods qui nous interdit des taux de ce genre ‘‘ justifie t-il.
Le moratoire et le délai observé pour le remboursement de la dette
La durée de remboursement, d’après le DG de la SNCFG, est généralement de 20 à 30 ans » on s’est compris sur tous les points, nous attendons le département des finances pour mettre tout ça en règle, parce qu’il ne s’agit pas de reconnaitre la dette seulement, il faut l’insérer dans le processus de remboursement au niveau de la direction nationale des dettes extérieures. Le montant qui sera retenu sera inséré dans le processus de remboursement et nous allons appliquer ensuite l’échéancier de paiement et les différents délais de paiements. Donc nous sommes entrain de finaliser ce document pour pouvoir l’insérer dans les deux conventions pour la signature. C’est seulement à ce moment-là que le train reprendra sa course » .
Dette contractée
Pour M. Yora, elle dépendra des nouvelles réalités conjoncturelles » Il y a eu beaucoup de réajustements, notamment avec le taux d’intérêt, le taux de pénalités, les primes ayant été supprimées, notamment celles des expatriés Chinois à cause de l’épidémie d’Ebola, les primes liées aux heures supplémentaires, puisque le travail effectué est de six heures sur les huit reconnues par le code du travail. Selon lui, la partie chinoise et l’état guinéen sont d’accords sur le chiffre de 42 millions de dollars américains qui sera versé à China International fund pour la reprise du Conakry Express’’.
Le nouveau Cadre de partenariat
Les choses vont être entièrement reprises en mains par l’État guinéen, c’est que laisse entendre le directeur du SNCFG » Les chinois nous ont livré le train et la Guinée a mis le train en exploitation, lors de la période de livraison, la Guinée n’étant pas capable à l’époque de gérer le train compte tenu du contexte socio politique, ils se sont donc engagés à gérer le train, en fournissant le carburant en avance ( qui sera récapitulé et remboursé) compte tenu des difficultés d’alors, ainsi qu’une équipe chinoise de suivi du train pour la maintenance et la formation du personnel guinéen et le payement de leurs salaires (qui sera remboursé après), c’est sur cette base que le Conakry express à démarré. Les recettes engrangées par le fonctionnement du train servent à payer les travailleurs, le fonctionnement de la société qui gère le train, la SNCFG, notamment l’électricité l’eau, l’assainissement de la voie ferrée »
Après donc la signature des deux conventions, les chinois ne fournirons plus le carburant, l’État s’en chargera désormais, payera les pièces détachées et remboursera tout ce qu’ils ont fourni comme carburant, pièces détachées et salaires payés aux expatriés chinois dans la maintenance selon les explications du directeur. »Ce sera la fin de la première forme de partenariat. Les chinois qui seront retenus par l’État dans le cadre de la poursuite du partenariat, notamment dans la qualification du personnel guinéen et le suivi du train seront pris en charge par l’État guinéen donc toutes les charges qu’ils ont pré financées reviennent automatiquement à l’État guinéen ».
Date de la reprise du train, le directeur de la SNCFG plus optimiste que le ministre des TP
Contrairement au ministre des transports qui, lors de son passage à l’assemblée nationale pour la session budgétaire, avait avancé la date du 1 janvier, le directeur de la SNCFG lui pense que, le redémarrage du train pourrait intervenir plutôt, avant la fin de l’année pense t-il.
» Je sais que, au courant de ce mois ou même de la première quinzaine on reprendra parce-que, nous sommes presque dans la phase de finalisation des discussions, donc d’ici le 10 au 15 décembre, on reprendra sauf cas d’imprévus » annonce t-il avec assurance. Si cela se matérialise, ça serait tout bénef pour les habitants de la haute banlieue de Conakry.