Les annonces faites auparavant par Bank Al Maghrib n’ont décidément pas trouvé place dans l’agenda 2016. Outre l’octroi des agréments pour les banques participatives, le processus d’adoption du nouveau régime de change semble toujours en chantier. A terme, les pondérations des devises du panier de cotation du dirham devraient être fixées à 60% pour l’euro et 40% pour le dollar US (contre respectivement 80% et 20% auparavant). « Un régime de change flottant est un processus, du coup, cela requiert du temps », n’a cessé de répéter Abdellatif Jouahri, wali de la Banque Centrale lors d’une conférence de presse tenue cette semaine. Pour Jouahri, le projet d’abandonner un système pour un autre ne vient pas brutalement.
Certes, l’idée murit depuis plusieurs années mais elle s’impose aujourd’hui comme évidente. L’ancien régime de change n’étant plus adapté à la situation actuelle de l’économie marocaine, Bank Al-Maghrib (BAM) planchait depuis 2013 sur la mise en place d’instruments -d’analyse et de prévisions- afin de mener à bien la transition vers un régime de change plus flexible. La transition nécessite également que soient réunies un certain nombre de conditions comme des équilibres macroéconomiques maîtrisés, un niveau suffisant de réserves de change, un secteur bancaire solide, une maîtrise des risques de change…
Aujourd’hui, la feuille de route est prête, assure le gouverneur de la Banque centrale. Sa mise en œuvre est même prévue à partir du deuxième semestre 2017. Et ce malgré la pression du FMI qui estime que le Maroc est prêt à migrer dès début 2017. Pour Bank Al Maghrib, la priorité actuellement n’est autre que de sensibiliser et de mettre à niveau tous les opérateurs (administration publique, banques, entreprises…) aux enjeux de la migration. D’ailleurs, une campagne d’explication et de communication est déjà programmée. A cela s’ajoute, le projet d’établir avec les groupes bancaires une cartographie des risques afin d’identifier toutes les possibilités et les impacts. Un Benchmark sera réalisé, dans ce sens, avec le FMI sur un échantillon de pays similaires.
Ceci dit, « outre la préparation des opérateurs économiques, cette transition nécessite a priori une soutenabilité budgétaire et un secteur bancaire résistant et solide », ajoute le wali. En d’autres termes, le niveau d’endettement doit rester limité afin de soutenir la politique budgétaire expansionniste du Maroc.
Du côté des ménages, beaucoup craignent que -dans ce cas de régime de change flottant-, les variations de taux ne se retrouvent dans les prix à la consommation, provoquant ainsi une hausse de l’inflation. Dans ce cas là, l’effet régime de change serait limité à court terme, selon la Banque Centrale. L’institution prévoit une inflation de 1% en 2017 et grimpera à 1,5% en 2018.
A.L