Un procès médiatique et politique commence ce 2 janvier à la 32ème Chambre du tribunal correctionnel de Paris et devrait se poursuivre les 4, 5, 9 et 12 janvier 2017.
Teodorin Nguema, 47 ans, ancien ministre équato-guinéen de l’Agriculture et des Forêts, promu fin juin par son père Teodoro Obiang Nguema vice-président, est poursuivi pour blanchiment d’abus de biens sociaux, détournements de fonds publics, abus de confiance et corruption. L’accusé qui ne sera pas présent a demandé le report du procès par l’intermédiaire de ses avocats. Ceux-ci demandent un peu plus de temps pour préparer la défense.
Selon l’instruction, quelque 110 millions d’euros des comptes publics de la Guinée Équatoriale sont venus créditer les comptes parisiens du vice-président équato-guinéen entre 2004 et 2010. Un patrimoine immobilier dont un immeuble avenue Foch estimé à 107 millions figure dans le dossier. De même qu’une ccollection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé estimé à 18,3 millions d’euros et 22 voitures de luxe.
Problème, ce procès caricatural qui occulte toute la composante française de l’affaire (aucune banque, aucune galerie, aucune grande maison de couture dans le dossier d’instruction) est organisé sur la base des plaintes déposées par les associations Sherpa et Transparency et non par des associations ou personnes physiques guinéennes. Ces associations « désintéressées » sont sans doute le dernier recours d’une Afrique pillée par ses dirigeants, sans systèmes judiciaires suffisamment forts pour préserver les deniers publics et sans société civile capable de s’affranchir du pouvoir et des multinationales.
Pour les deux ONG à l’origine de la plainte, ce procès (qui ne concerne que les leaders africains, car beaucoup plus simple à poursuivre que les qataris et les saoudiens) est en soi une victoire contre l’impunité juridique de dirigeants peu scrupuleux qui détournent les fonds de leurs pays pour se constituer des patrimoines dans les pays riches comme la France, la Suisse, le Royaume-Uni ou les États-Unis.
La médiatisation de cette affaire ferait presque oublier que les flux financiers illicites qui quittent l’Afrique sont d’abord le fait de multinationales (rapport Mbeki) et non des « dictateurs », terme commode utilisé pour traduire les personnalités complexes à la tête des États africains.