Dans l’ensemble, 2017 annonce une année riche en couleurs au Maroc selon qu’elle soit plus ou moins pluvieuse, confirmant la saillie du maréchal Lyautey, premier résident général français (1912-1925), qui aurait déclaré qu’ « au Maroc, gouverner c’est pleuvoir ». Cette vieille expression qui exprime une relation directe entre les équilibres économiques du royaume et la clémence du ciel est encore de mise en dépit de la diversification de l’économie du Maroc indépendant portée vers la transformation des phopshates, l’offshoring et l’export automobile. L ‘Agriculture qui passée de 40% du PIB du pays dans les années 90 à environ 12% aujourd’hui revêt une dimension socio-économique importante en tant que principal moteur de redistribution des richesses entre les cités urbaines et le monde rural.
Ainsi, la banque centrale du Maroc (Bank Al Maghrib, qui vient d’ajuster la croissance 2016 (elle passe de 1,4% à 1,2%)), table sur une croissance de 4,2% en 2017 et 3,7% en 2018 sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne pour les deux prochaines années. En parallèle, la composante non agricole devrait également s’accélérer pour atteindre respectivement 3,4% et 3,7%, soutenue par un accroissement des revenus, notamment agricoles, et des conditions monétaires accommodantes. Des prévisions qui restent proches de celles du Centre Marocain de Conjoncture (CMC) qui prédit une croissance de 4,1% en 2017.
Selon les pronostics du centre des statistiques marocain (le Haut Commissariat au Plan, HCP), le rythme de croissance économique nationale devra connaître une sensible accélération au premier trimestre 2017, portant le taux de croissance à 3,9%, contre 1,7% un an auparavant. Un effet de rattrapage qui balaie d’un revers de main le mauvais épisode 2016. Pour le HCP, la croissance de la valeur ajoutée non agricole devrait progresser légèrement pour se placer à 2,7%. La valeur agricole, quant à elle, devrait s’améliorer de 11,1% portant ainsi sa contribution à la croissance économique globale à 1,3 point. Une amélioration attribuée principalement aux fortes précipitations enregistrées durant les quatre premiers mois de la campagne agricole 2016/2017. Le cumul pluviométrique aura été supérieur de 12,9% par rapport à la normale.
Les établissements étrangers, de leur côté, restent en phase avec les prévisions locales, hormis le FMI qui semble très optimiste. L’institution de Bretton Woods parle d’une année prometteuse avec un taux de croissance de 4,8%. Pour le Fonds Monétaire, le Maroc serait mieux loti que ses voisins algériens, puis tunisiens. Même scénario prédit par la Banque Mondiale qui vise une croissance de 3,1% de la région MENA, où les importateurs de pétrole s’en sortiront le mieux et enregistreront la progression la plus importante. Quant au Maroc, et après une estimation à 1,5 % en 2016, la croissance devrait y bondir à 4 % en 2017 grâce au redressement de la production agricole. La filiale de Fitch Group, BMI Research, vise une hausse de 4,3% du PIB du Maroc en 2017.
Le scénario prévisionnel dessiné par ces établissements fait également ressortir un dynamisme accru des principales composantes de la demande au Maroc. L’investissement augmenterait à la faveur d’une reprise prévisible des flux de capitaux étrangers doublée du redressement de l’investissement privé et de certains programmes d’équipements publics. Dans ce contexte favorable, la consommation des ménages devrait enregistrer un accroissement assez soutenu cette année. Cette progression devrait ainsi se traduire -compte tenu d’une évolution des prix qui demeure encore modérée- par une progression de la consommation réelle (+2%). Du coup, sous l’effet du redressement significatif de la demande ainsi que du renchérissement des produits importés, les prix à la consommation devraient connaître une hausse sensible –beaucoup plus soutenu que l’exercice précédent- avec un taux d’inflation autour de 1,9%.
Ceci étant, quelques éléments endogènes et exogènes sont à prendre en considération. L’ensemble de ces institutions relèvent que les perspectives restent hypothéquées par les incertitudes pesant sur l’orientation des politiques publiques.
Pour le CMC, par exemple, il existe un potentiel encore inexploité à cause de la faiblesse de la productivité ainsi que l’inefficience de certains programmes d’investissement malgré les efforts consentis en la matière ainsi que par les insuffisances des politiques de régulation, tant aux plans budgétaire que monétaire, financier et fiscal.
A. L