Dans un récent rapport sur l’évasion fiscale en Afrique de l’ouest, la fondation Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) estime que les multinationales ont fait sortir illégalement, 210 milliards de dollars de la Cédéao entre 2002 et 2011, pour 18 milliards (environ 9 000 de FCFA) pour le Togo.
Au cours de la dernière décennie, les flux financiers illicites se sont accrus à un taux annuel de 23 % au sein de la CEDEAO, passant de moins de 3 milliards de dollars US en 2002 à plus de 18 milliards de dollars US en 2011, selon le Rapport de la fondation Open Society Initiative for West Africa (OSIWA).
Et de classer le Togo parmi les pays les plus touchés en termes de volume total, derrière le Nigéria et la Côte d’Ivoire. Le volume total des trois pays représente près de 87% du total des flux financiers illicites : « les flux financiers illicites hors de la CEDEAO, entre 2002 et 2011, ont été estimés à plus de 23 milliards de dollars US pour la Côte d’Ivoire, 142 milliards pour le Nigeria et 18 milliards pour le Togo », lit-on dans le rapport.
Des chiffres nettement en baisse, comparé au volume total de l’aide publique au développement qu’aurait bénéficié la région : « Bien que les estimations divergent grandement et soient fortement contestées, les observateurs économiques s’accordent généralement sur le fait que les FFI en provenance de l’Afrique dépassent probablement en volume les flux d’aide et d’investissement. En 2011 par exemple, l’aide publique au développement (APD) a atteint 12 milliards de dollars US », contre l’aide publique au développement en ce qui concerne l’évasion fiscale.
« Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), 60 % des FFI proviennent de la tarification abusive des transferts, alors que les pays d’Afrique sub-saharienne continuent de mobiliser moins de 17 % de leur produit intérieur brut (PIB) en recettes fiscales », explique la fondation dans son rapport.
Micmacs
Pour Ibrahima Aïdara, administrateur du programme gouvernance économique et présentateur du rapport d’OSIWA, ces FFI s’opèrent dans la sous-région à travers la tarification frauduleuse de transferts par les sociétés multinationales. « Cette tarification frauduleuse se fait par le biais de la sous-facturation et de la surfacturation », constate-t-il.
Face au fléau qui affaiblit l’économie des, le rapport recommande une coopération et une harmonisation efficace entre les régimes d’incitation fiscale. « Ces FFI pourraient financer des secteurs-clés de l’Economie tels que la lutte contre la pauvreté, la protection sociale et le financement des projets ayant un potentiel de transformation sociale et économique ».
Des réformes fiscales, si elles avaient été mises en place, auraient pu permettre de mobiliser 56 milliards de dollars sur la période 2011-2018, de quoi largement financer la lutte contre la pauvreté, affirme le Dr Aidara.
Par Nephthali Messanh Ledy