Dr Hesphina Rukato pourrait être dans quelques jours la première femme commissaire aux affaires politiques de l’Union africaine. Candidate à ce poste de prestige, l’ancienne chef de cabinet adjoint de la Présidente de l’UA, Nkosazana Dlamini Zuma, multiplie les plaidoyers pour expliquer le sens de sa candidature en vue d’une promotion de l’agenda 2063 du continent, relativement à la vision pour une Afrique décomplexée et tournée vers le progrès économique et social.
Dr Rukato, quelles sont les motivations qui vous ont poussé à briguer le poste de commissaire politique aux affaires politiques de l’Union africaine ?
Je suis citoyenne du Zimbabwe et, de par mes pratiques, panafricaniste dans l’âme. Au cours des vingt (20) dernières années, j’ai travaillé sur les problématiques africaines dans les domaines de la conceptualisation des politiques de développement. J’ai une bonne connaissance du continent et j’ai participé à différents processus de politiques de développement quand je travaillais au NEPAD et à l’Union africaine. Ma motivation se fonde essentiellement sur la conviction que si on veut matérialiser la vision d’une Afrique prospère et en paix avec elle-même, il est, on ne peut plus, grand temps d’accélérer la mise en œuvre de toutes les politiques et cadres qui ont été conçus pour un développement effectif du Continent.
Quelle valeur ajoutée comptez-vous apporter à un poste aussi prestigieux ?
Il s’agira essentiellement pour moi de faciliter, dans le cadre de l’Agenda 2063, la mise en œuvre des politiques et décisions déjà existantes, tout en tenant compte des défis émergents au plan continental et international. Il devrait être question aujourd’hui, à mon avis, de matérialiser tous les programmes structurants de développement qui existent mais qui ne sont pas mis en œuvre pour, garantir la transformation qualitative de l’Afrique.
Ne pensez-vous pas que les commissions paix et sécurité et affaires politiques devraient être fusionnées pour davantage d’efficacité ?
De mon point de vue, les deux départements devraient collaborer plus étroitement pour renforcer le rôle diplomatique et préventif des Affaires politiques aux fins de se concentrer sur la prévention des conflits. Cela consisterait à renforcer et à accorder plus d’attention aux systèmes d’alertes rapides pour, non seulement, prévenir les conflits mais, surtout, leur apporter des solutions africaines dans leur résolution.
L’action du commissaire aux affaires politiques de l’Union africaine a-t-elle réellement un impact sur le sort des Africains ?
Absolument! C’est l’un des piliers les plus importants du développement. Si vous prenez par exemple la gouvernance, comme un prérequis pour les investissements dans le développement économique, les questions politiques se doivent d’être adéquates et correctement mises en œuvre pour, créer l’environnement favorable nécessaire au développement. Il ne saurait avoir de développement dans des situations de troubles politiques car, il n’y aura pas d’éducation et l’accès aux soins de santé sera compromis. Évidemment, pour ce faire, la Commissaire que je serai travaillera avec les autres Commissions. Mais, in fine, le travail de la Commission en charge des Affaires politiques est déterminant pour la réalisation de la paix, de la sécurité et du développement pour les citoyens ordinaires. Fort de tout cela, il est très important de mettre en œuvre les décisions de l’UA au niveau des États membres.
Propos recueillis par Albert SAVANA