Premier diplômé en droit du Congo en 1960, Etienne Tshisekedi est plongé dans la mare politique de son pays dès les premières heures de l’indépendance. L’histoire officielle de l’ère Mobutu le range parmi les ennemis du héros panafricaniste Patrice Lumumba qu’il traitait de «crapaud» dans une correspondance abondamment exploitée en 1993 par le pouvoir de l’époque. Ce fait ne sera jamais élucidé. Son parti l’UPDS, fondé en 1982 le place en position frontale face à Mobutu qui l’enverra plusieurs fois en prison.
Son dernier acte fut l’accord arraché au pouvoir, fin 2016, pour l’organisation d’élections présidentielles durant l’année 2017. Étienne Tshisekedi était un opposant coutumier des combats pour l’alternance démocratique. C’est lui qui a obligé le maréchal Mobutu Sese Seko, dont il fut ministre de l’Intérieur et des Affaires Coutumières (1965) à aller à la Conférence nationale souveraine. Cette instance le nommera premier ministre en 1992 avant que Mobutu ne le démette en 1993 avec la bénédiction des partenaires extérieurs du pays. Le maréchal le rappellera en 1997 alors que les troupes de Kabila étaient dans les abords de Kinshasa. Cette fois-ci, sa Primature ne durera qu’une semaine, du 2 au 9 avril 1998.
L’inflexibilité de Thisekedi qui ira crescendo tout au long des années 80 et 90 ne sera que renforcée sous l’ère des Kabila père et fils. Aux élections de 2011, il s’auto-proclame président et prête serment depuis sa résidence de Limete. Les observateurs estimeront que la victoire de Kabila qui s’était classé derrière son principal challenger au premier tour est émaillé d’irrégularités.
En juillet 2014, Tshisekedi quitte la RDC pour la Belgique où il est traité pour des problèmes de santé. Il y reste jusqu’en juillet 2016 où il effectue un retour à Kinshasa, applaudi par des centaines de milliers de Congolais.
À 84 ans, celui que l’on surnommait affectueusement le Tshitshi s’en est allé en plein négociation pour clarifier les conditions de l’alternance. Le décès est intervenu à à l’hôpital Sainte-Élisabeth de Bruxelles, aux environs de 17 heures GMT selon un membre de son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UPDS).