Par Jean-Mermoz Konandi, Abidjan.
Malgré les performance économiques de ces dernières années, l’économie ivoirienne reste vulnérable. Aussi le pays doit-il adopter une nouvelle stratégie pour assurer la durabilité de sa croissance, recommande la Banque mondiale dans un rapport publié cette semaine.
Avec un taux de croissance avoisinant les 8%, la Côte d’Ivoire a connu en 2016 un léger ralentissement économique après cinq années d’une croissance à presque deux chiffres, relève la Banque mondiale dans son nouveau rapport sur la situation économique du pays. Une fébrilité due à la chute des cours du cacao – son premier produit d’exportation – de 25% au cours des 12 derniers mois et qui met a nu la vulnérabilité de l’économie ivoirienne. Aussi, ce risque majeur, associé à une hausse des coûts des emprunts sur les marchés financiers, pourrait-il peser sur la dette de l’État ivoirien et limiter ses capacités de financement, ce qui est de nature à remettre en cause la durabilité de cette croissance.
Pour l’institution, ce contexte doit pousser Abidjan à opérer dès à présent un virage vers une plus grande diversification de son économie et des depenses plus efficaces dans son système éducatif. « Le maintien d’une forte croissance économique va en en partie dépendre de la capacité (…) à stimuler le secteur privé et à gérer les risques tant internes qu’externes», souligne Jacques Morisset, coordinateur des programmes de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire.
« (…) pour maîtriser ces risques et générer une croissance durable et plus inclusive, l’économie ivoirienne devra poursuivre ses efforts de diversification et augmenter la valeur ajoutée de ses exportations en s’inspirant des pays émergents qui fabriquent des produits de plus en plus sophistiqués » recommande l’institution financière.
Dans cette optique, la pharmaceutique, la cosmétique, l’imprimerie (livres, brochures) ou encore la menuiserie sont présentées comme des « niches à explorer » en direction du marché encore inexploré de la sous-région et du continent qui pourraient « constituer des relais de croissance ». Toutefois pour y arriver il faut des « compétences qui s’acquièrent en grande partie sur les bancs de l’école, pendant les années de formations professionnelles et au sein de l’université ».
Un système éducatif plus efficace
La décennie de crise qu’a traversé le pays a affecté le système éducatif ivoirien devenu relativement moins efficace que le niveau moyen africain : seulement 63,1 % des élèves ivoiriens achèvent le cycle primaire contre 72,6 % en Afrique et 92,8 % dans les pays à revenu intermédiaire et ils calculent moins bien que leurs camarades d’Afrique francophone. Une contre-performance qui se poursuit au secondaire au détriment des filles, des zones rurales et des enfants issus des classes défavorisées « creusant ainsi davantage les inégalités ».
Certes, des mesures telles la hausse des ressources budgétaires, l’école gratuite pour tous jusqu’à l’âge de 16 ans et le développement de centres d’excellence vont dans le bon sens, mais pour la Banque mondiale, il faut des réformes plus en profondeur.
« (…) l’une des priorités, note l’institution, serait d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques en matière d’éducation. Car pour chaque pourcentage du PIB injecté dans le système éducatif, l’espérance de vie scolaire (soit le nombre d’années qu’un enfant effectue dans le système scolaire), n’augmente que de 1,6 an en Côte d’Ivoire contre 3,5 ans dans des pays émergents comme la Thaïlande et l’Ile Maurice »
Le rapport préconise en outre d’indexer la rémunération des enseignants sur leur performance, de repenser le système de subvention des écoles privées et également de diminuer les dépenses administratives (considérées élevées en Côte d’Ivoire) au profit de l’achat de matériel et d’équipements scolaires