Champion du Sénégal en équitation (1993, 2005, 2007), le PDG et fondateur du groupe Wari traine depuis mardi 7 février un autre galon sur ces épaules et pas des moindres, celui d’être, le désormais propriétaire de l’operateur de téléphonie Tigo, filiale du groupe Milicom au Sénégal.
Né à Lyon en 1964, Kabirou Mbodje grandit à Paris où il est titulaire d’un bac C, d’un diplôme d’ingénieur en télécommunications français et d’un MBA américain. En 1993, après avoir travaillé sur le projet Afrovision, M. Mbodje crée le réseau TV par câble sans fil MMDS-Multivision. En 2000, il lance Net TV, un bouquet de chaînes à destination des pays d’Afrique subsaharienne francophone diffusées par satellite.
En 2003, Kabirou Mbodje lance NetPay, une solution de paiement via un abonnement téléphonique (qui devient CallMoney en 2008).
En 2006, ce natif de Lyon s’associe à François Richaume pour créer NGI Afrique de l’Ouest, une entreprise spécialisée dans les systèmes d’information géographique. La collaboration débouche sur un conflit judiciaire qui se conclut en non-lieu en janvier 2016.
En 2008, Kabirou Mbodje crée Wari, une plateforme digitale de services pour le grand public qui propose les transferts d’argent, le paiement de services, produits, salaires, la carte bancaire Wari, la collecte de taxes pour les administrations, une mutuelle santé. La plateforme Wari est hybride, elle propulse ses propres applications et celles de ses partenaires (services financiers, stations-service, commerçants), et son bouquet de services s’adapte à chaque région couverte.
Wari s’est lancée depuis 2015 dans la création des « Points Relais Wari », un réseau de milliers de boutiques relais qui permet d’élargir sa gamme de services et d’assurer une couverture géographique optimale. Outil d’inclusion géographique et financière, cette plateforme dispose d’un fonds de solidarité qui finance des programmes à caractère social dans tous les pays où l’entreprise est présente.
Avec plus de 26.000 emplois créés, M. Mbodje a su insufflé une dynamique panafricaine à son groupe, faisant de lui une véritable success-story africaine. Sa société dispose actuellement de 90 points de vente dans 34 pays, avec une trentaine de filiales et 4 milliards d’euros manipulés en 2015. D’ailleurs, le journal panafricain Financial Afrik l’a retenu en 2016, dans son classement des 100 personnalités qui font bouger l’Afrique.
Mercredi 8 février, devant le micro de la Radiotélévision sénégalaise (RTS), cet ancien capitaine de l’équipe nationale du Sénégal en équitation, a étalé son ambition non seulement de sauvegarder les intérêts économiques sénégalais mais également africains.
« L’appui des pouvoirs publics est très important pour permettre à notre groupe de préserver nos intérêts dans le giron national ou africain », a déclaré le boss de Wari.
L’adhésion suscitée par le rachat de Tigo par Wari « nous encourage à aller de l’avant. On est capable d’être à la hauteur, en fournissant des offres et services. On aura besoin d’un soutien massif des autorités pour que nous puissions encore offrir plus », renchérit-il.
Il dixit : « le Sénégal et l’Afrique ont un rôle à jouer sur l’économie digitale. Nous avons l’intention de jouer un rôle déterminant avec l’appui des pouvoirs publics. Nous remercions les autorités pour avoir mis en place un environnement des affaires avec le Doing Business. Tout cela devrait apporter plus de richesse pour nos pays, plus d’emplois mais aussi plus de plus-values pour le développement de nos économies ».
Le nom du sieur Mbodj est définitivement gravé dans l’histoire de l’économie numérique africaine. Car, après sa réussite avec la plateforme Wari, facilitant les transactions financières et non financières sur le marché africain et international, Kabirou Mbodj a déboursé 129 millions de dollars dont un engagement sur passif de 110 milliards FCFA pour racheter l’opérateur de téléphonie mobile, Tigo Sénégal.
Adulé par bon nombres de sénégalais, le fils de Marie Sarr Mbodj, ancien ministre de la Santé publique sous la présidence d’Abdou Diouf, s’est dit victime de propos diffamatoires. Il réclame à « Jeune Afrique », une rondelette somme d’argent de 3 milliards de F CFA (environ 4 millions d’euros), suite à un article du groupe de Béchir Ben Yahmed, intitulé « le double visage de Kabirou Mbodj », paru le 7 février 2016.
Dans le texte, à en croire « Jeune Afrique », Kabirou Mbodj, a été condamné en 2011 à 6 mois de prison avec sursis pour abus de biens sociaux. Les journalistes qui ont signé l’article indiquaient également que «les premiers associés de Kabirou Mbodj dans l’aventure Wari en l’occurrence Seyni Camara et Malick Fall … ont déposé en décembre 2014, une plainte lui reprochant des détournements s’élevant à 2,5 milliards de FCFA ».