«Le moment est venu de conjuguer nos efforts
pour créer des champions continentaux»
Président de la Fédération marocaine des sociétés d’assurance et de réassurance, Mohamed Hassan Bensalah, revient sur les enjeux des assemblées générales de la FANAF (Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National africaines) qui démarrent aujourd’hui 13 février à Marrakech en présence de 1500 à 2000 délégués.
La FMSAR est l’hôte des 41èmes assemblées générales de la FANAF. Comment faut-il interpréter cette mobilisation de la Fédération marocaine en faveur d’une organisation continentale?
Le Maroc a fait de la coopération Sud-Sud et plus précisément de la coopération inter-africaine un axe stratégique dans le sens d’un co- développement gagnant gagnant. Il s’agit d’une politique insufflée au plus haut niveau de l’Etat par Sa Majesté le Roi du Maroc.
Notre secteur épouse naturellement cette vision, porté par ses performances (deuxième marché du continent derrière l’Afrique du Sud, avec 3,1 milliards de dollars de primes émises en 2015) et continue à accélérer sa coopération avec les autres marchés africains de l’assurance.
C’est dans cet esprit, que nous avons reçu en 2016 l’Assemblée Générale de l’Organisation Africaine des Assurances et que nous recevons celle de la FANAF en février de cette année. Nous sommes par ailleurs signataires de plusieurs conventions de coopération avec des associations de sociétés d’assurances subsahariennes et maghrébines. Sans oublier que bon nombre d’assureurs marocains ont développé leurs activités dans le continent. Et quelque soit le mode opératoire choisi, Ils le font avec une très forte volonté de partage et de développement mutuel.
D’une manière générale, quelles sont les perspectives du secteur marocain des assurances en 2017?
Nous avons connu en 2016 une année au développement particulièrement soutenu, tiré essentiellement par l’assurance vie et capitalisation et par l’assurance automobile qui profite de
la dynamique actuelle des ventes de véhicules neufs au Maroc. Malgré
une croissance économique nationale plutôt timide en 2016, je ne peux que constater la résilience et la bonne
santé du secteur de l’assurance, comparativement à d’autres !
Plusieurs sources économiques projettent pour l’année 2017 une reprise assez significative de la croissance au Maroc. Nous constatons habituellement que le taux de croissance des primes émises en assurances dépasse celui
de la croissance économique. Nous espérons ainsi que l’année 2017 sera de nouveau une année de croissance et de développement pour notre secteur.
Le Maroc est le deuxième marché africain en assurance. Quelles sont les principales réformes qui ont conduit à cette position?
Plusieurs facteurs ont permis de développer le secteur de l’assurance au Maroc depuis déjà plusieurs années. D’abord, il est important de rappeler le caractère extrêmement structuré, sain et organisé de notre marché qui dispose d’une réglementation et d’un cadre prudentiel aboutis. Par ailleurs, le renforcement de notre tissu industriel et l’amélioration du pouvoir d’achat de nos concitoyens ont permis une croissance solide et soutenue de l’activité de nos compagnies. En parallèle, le renforcement de notre réseau de distribution classique représenté par les agents et les courtiers a permis de toucher et recruter une plus large clientèle sur différents types de produits. La croissance de notre secteur a également été tirée par l’assurance vie qui représente aujourd’hui la première branche en termes de primes émises devant l’assurance automobile. Ce formidable développement est le résultat d’une excellente interaction entre les réseaux bancaires et les entreprises d’assurance.
En dépit du développement de grands groupes d’envergure continentale comme RMA Wataniya, Wafa Assurance ou encore Saham, le taux de pénétration des produits d’assurance reste encore modeste au Maroc. Quels sont les principaux obstacles qui expliquent ce paradoxe?
Le taux de pénétration de l’assurance au Maroc nous place au 1er rang des pays arabes et parmi les trois premiers pays Africains.
Il est entendu qu’avec un taux de 3,2% du PIB, il reste du chemin à faire notamment en assurance vie. Je suis en revanche convaincu que nous sommes sur la bonne voie.
Quel regard portez-vous sur les convergences capitalistiques entre groupes maghrébins, notamment marocains, et groupes africains?
C’est une excellente chose ! Vous savez, les grandes multinationales sont présentes depuis longtemps sur nos marchés africains. Le moment est venu de conjuguer nos efforts , de cumuler nos forces et nos atouts, notamment notre connaissance de nos marchés intérieurs, pour créer des champions continentaux à capitaux africains qui vont pouvoir rivaliser avec les grands noms de l’assurance mondiale. Il existe déjà des succès story dont quelques unes sont marocaines et il faut à mon sens encourager ces initiatives.
Propos recueillis par Adama Wade