Le 3 février 2017, S&P Global Ratings a confirmé sa note «B-/B» de la dette à long et court terme, en devises et en monnaie locale, de la République démocratique du Congo (RD Congo). La perspective demeure négative.
Les analystes de l’agence de notation fondent leur décision sur les paramètres macroéconomiques du pays et un contexte politique incertain: « les notes restent soutenues par nos anticipations selon lesquelles la dette publique de la RD Congo restera faible par rapport au PIB et majoritairement de nature concessionnelle. Le niveau peu élevé́ de la dette publique s’explique par l’allègement obtenu récemment, ainsi que par l’accès limité du gouvernement au financement de nature commerciale».
Les notes sont en revanche contraintes par « la fragilités des institutions et de la gouvernance du pays, les incertitudes sur le plan politique, les réserves de change extrêmement faibles, ainsi que par un PIB par habitant (380 USD) figurant au deuxième rang des plus faibles de l’ensemble des souverains notés par S&P Global Ratings ».
Au regard de l’agence, les risques politiques et sociaux restent importants en RDC. « L’élection présidentielle, qui aurait dû avoir lieu en novembre 2016, a été reportée à la fin de l’année 2017 à la suite d’un accord conclu le 31 décembre 2016 entre la coalition de la Majorité́ présidentielle (MP) au pouvoir et le Rassemblement, principal plateforme de l’opposition.
En vertu de la Constitution en vigueur, le Président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut briguer un troisième mandat. L’accord conclu entre la MP et le Rassemblement stipule qu’il pourra se maintenir à la tête du pays durant cette période de report, à condition qu’il ne porte pas atteinte aux limitations de durée de mandat imposées par la Constitution.
Selon l’agence, « la violation de cet accord pourrait faire courir le risque de troubles à même de déstabiliser des institutions et une économie déjà̀ fragiles ».
De plus, poursuit S&P, le décès du dirigeant historique de l’opposition Étienne Tshisekedi le 1er février vient accentuer les incertitudes, ce dernier devant initialement présider le Conseil national de transition comme le prévoyait l’accord.
« Nous voyons une possibilité́ que les élections ne soient pas organisées en 2017. En effet, les sources de financement limitées du pays et la réticence des bailleurs de fonds à contribuer à l’organisation des élections l’année dernière (notamment compte tenu de graves irrégularités perçues lors de précédents scrutins) soulèvent des interrogations concernant le financement et le bon déroulement d’une éventuelle élection d’ici fin 2017 ».
Un tel contexte n’est pas sans conséquences sur les prévisions de croissance : « nous avons abaissé nos prévisions de croissance du PIB réel à 2,5 % pour 2017, contre un peu moins de 5 % précédemment. L’agitation politique ou sociale liée aux élections pourrait limiter la croissance du PIB réel selon notre scenario de base », poursuit l’agence.
Les réserves internationales de la RDC se sont largement effritées depuis 2015 passant de plus de 1,2 milliard USD fin 2015 à près de 600 millions USD à fin 2016, ce qui correspond à environ un mois de paiements courant.