Comme annoncé, le président Ivoirien Alassane Ouattara, grand défenseur de l’ex-Franc des colonies françaises d’Afrique et « major » de l’Union économique et monétaire ouest-africaine dont il est le président de la conférence des chefs d’Etat, sera reçu ce dimanche 11 juin à 14h30 GMT à l’Elysée par son homologue français Emmanuel Macron, quatre semaines seulement après l’investiture de ce dernier.
Première économie de l’Union, avec un taux de croissance moyen de 9 % par an entre 2012 et 2015, la Côte d’Ivoire est le premier partenaire commercial de la France au sein de la zone Franc CFA, et le 3e en Afrique subsaharienne (10% de part de marché au premier semestre 2016 contre 8% un an plus tôt), après le Nigeria (13,7%) et l’Afrique du Sud (12,7%).
Parallèlement, l’Hexagone est le premier investisseur étranger au pays d’Alassane Ouattara, totalisant 12% du total des agréments délivrés par Abidjan en 2016, soit 80,6 milliards de F CFA sur les 672 milliards récemment annoncés par le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici).
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont, par ailleurs, enregistré une hausse globale en valeur de 10,8% en 2015, une hausse portée aussi bien par les exportations françaises (qui s’établissent à 1,02 Mds€), que par les importations (772 M €). Même tendance haussière au premier semestre 2016, actée par une progression de 15 % des importations ivoiriennes.
Au rang de ces dernières, des équipements mécaniques, électriques et informatiques, produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture, produits des industries agroalimentaires, et produits pharmaceutiques. Quant aux exportations – très peu diversifiées, faut-il le préciser -, elles portent à 95% sur les produits agricoles, notamment le café et le cacao.
Coté entreprises, les chiffres ne sont pas moins reluisants. On compte, en effet, environ 200 filiales de grands groupes français en Côte d’Ivoire, ce qui vient s’ajouter aux 500 petites et moyennes entreprises françaises de droit local, faisant du « massif » de l’Uemoa, la plus forte implantation française en Afrique sub-saharienne. C’est d’ailleurs la 3e troisième destination des investissements directs étrangers français en Afrique de l’Ouest, derrière le Nigeria et le Ghana.
Les principales branches d’activité concernées sont les finances (BNP Paribas, Société générale, Axa, Allianz France), les hydrocarbures (Total, groupe Bouygues), l’électricité et eau (ECP, Axa), les BTP (Bouygues, Fayat, Vinci, Veolia), l’industrie (Air liquide), l’agro-industrie (Castel, Michelin, Cémoi, Touton, Compagnie Fruitière, Bel, Danone), les transports (Bolloré, CMA-CGM, Egis, Air France), l’hôtellerie (Accor), la distribution (Carrefour, CFAO) et les télécommunications (Orange, Bolloré).
Cette horde d’entreprises françaises pèse presque 50 % dans les recettes de l’Etat ivoirien – le milieu des affaires compte d’ailleurs plusieurs organisations regroupant les entreprises françaises.
A noter également que la Côte d’Ivoire reste un poids lourd au budget annuel de l’Agence française de développement (AFD), dont les décaissements annuels de l’ordre de 225 millions d’euros sous forme de dons, font du pays, son tout premier portefeuille de projets au monde.
Même si les questions sécuritaires seront traitées ce dimanche à l’Elysée entre les deux chefs d’Etat, l’économie ne pèsera pas moins dans les échanges à l’occasion de cette première visite d’un chef d’Etat africain auprès du nouveau locataire des lieux, en attendant le tour du Sénégalais Macky Sall le lendemain. De quoi donner le ton à la « françafrique » version Macron.