Les cours indicatifs et parallèles du franc congolais se sont respectivement dépréciés de 27% et 30% au premier semestre 2017, selon les chiffres communiqués lundi 17 par Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC).
Sur le marché de change, le dollar américain a franchi la barre des 1.600 francs congolais (CDF) le week-end du 15 juillet, contre 945 francs en 2015, malgré les interventions de la banque centrale, et les mesures prises jusque-là. Soit environ 70% de dépréciation, après le pic des 1.650 francs frôlés en 2016, année à laquelle la monnaie congolaise avait connu sa plus forte dépréciation au cours des dix dernières années.
Selon les statistiques de la BCC, le dollar s’est négocié à 1.507,78 CDF à l’indicatif sur le marché, et à 1.545,30 CDF au parallèle au cours du mois de juin. Pourtant, Kinshasa a élaboré un budget 2017 sur le taux de 1.425 CDF pour 1 USD, et n’a estimé le cours du dollars à 1.600 francs qu’en fin d’année. Les salaires ne bougent pas pour autant, d’où une baisse progressive du pouvoir d’achat.
En septembre 2008, le dollar valait 561,320 francs, et 771,075 francs en juillet 2009. Pourtant, la monnaie du plus grand pays d’Afrique francophone valait 0,72 dollar américain quand elle fut relancée en juin 1998.
La situation s’explique, en partie, par la chute des cours des matières premières, qui font 95% des exportations congolaises (ce qui provoque un ralentissement de l’activité économique dans le pays), et une baisse des réserves de change, occasionnant de facto, une poussée inflationniste préoccupante atteignant 11,24 % en fin 2016. Le Congo étant une économie très peu diversifiée, et dépendant essentiellement des matières premières.
Mais Kinshasa mise sur la remontée progressive des cours du cuivre, pour « améliorer le solde de la balance des paiements de la République et drainer au pays des devises nécessaires à la stabilisation du cadre macroéconomique », d’après un communiqué de la BCC, en date du 5 juillet.
D’ailleurs, le ministre de l’économie vient de rappeler à Lubumbashi, la disposition du code minier qui oblige les opérateurs à faire rapatrier 40% des revenus bruts en devises étrangères par le circuit bancaire. Les autorités soupçonnant les industriels d’institutionnaliser une fuite de capitaux.
Après la forte accélération à près de 9% entre 2013 et 2014, la croissance de la RDC s’est contractée, passant de 6,9 % en 2015, à 2,5 % en 2016. Toutefois, les prévisions pour 2017 tablent sur une probable hausse à 4 %, et même mieux en 2018 (5,2%) avec la remontée anticipée des prix des matières premières du pays.