Par Fabrice Kom Tchuente, Auteur du recueil « Engagements Poétiques » publié aux éditions Persée
Depuis ce début d’année 2017, plus de 50 000 hommes et femmes sont entrés en Europe par la mer. Et comme on peut tous s’en douter, ils ne reviennent pas d’une croisière.
Alors, pourquoi les dévisage-t-on ainsi ? A quoi ressemblerions-nous si nous avions vécu le même calvaire ?
Un voyage, un bateau, et des milliers de personnes superposés les uns sur les autres. Ils ont patienté des semaines durant, sans pitance et à la merci des orages, des vagues volages et des humiliations les plus infâmes. Entre vols et viols, ils ont subi la famine, l’humidité et y ont perdu famille et humanité.
Miraculés d’un périple effroyable, ces 50 000 ne sont pas des misérables. Ils sont Ingénieurs, médecins, ouvriers, étudiants, bons pères et mères de famille qui ont pris le risque de perdre la vie pour pouvoir se déplacer en toute quiétude, pour poursuivre leurs études et offrir à leurs enfants un meilleur avenir. Il n’a jamais été prouvé qu’ils soient plus dangereux que les habitants qu’ils côtoient. Cependant, l’accueil, les conditions précaires et animalières dans lesquelles ils sont abandonnés, la brutalité des gardes-frontières qui les entourent sans oublier ce qu’ils ont vécus en mer, n’a-t-il pas de quoi les rendre amers ?
Il y a quelques jours, la France commémorait le 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv’. En cette période des années 40, des milliers d’allemands, d’italiens et de français se sont exilés vers l’Angleterre, les Etats-Unis et pour certains, vers l’Afrique pour échapper à la Shoah. Ces migrants de la deuxième guerre, ont-ils été accueillis comme les migrants de notre siècle ? Pour eux qui ont échappé ou qui sont rescapés des camps de concentration nazis, à leur arrivée sur les côtes de leurs hôtes, les a-t-on de nouveau placés dans des camps ? Qui n’ont certes pas d’objectifs épuratoires mais qui réveilleraient en eux le caractère sectaire et discriminatoire qui les pourchasse ?
Pour ces Hommes sauvés de l’enfer, direction le purgatoire, à l’isoloir, le temps d’expier leurs fautes, de plaider leur cause, de raconter leur histoire, leurs déboires. Et d’être suspendus à une décision : Le grand soir ou le désespoir. Le tout, dans une atmosphère confuse entre doses de bienveillance et flots de médisance. Le sort d’un rescapé, d’un réfugié, est-il dépendant de son origine ? Du massacre ou de l’épuration dont il est victime ? Espérons que les positions de ces pays signataires de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ne sont pas Influencés par la hantise de ceux qui prédisent le grand remplacement.