Depuis la publication du rapport sur l’indice de gouvernance des ressources naturelles le 28 juin dernier, classant la Guinée en 63ème position sur 81 pays évalués, et seulement 20 e sur 31 pays en Afrique subsaharienne, l’État guinéen, via le ministère en charge des Mines et de la Géologie, est monté au créneau pour protester. D’abord à travers un communiqué, puis lors d’un point de presse tenu le 13 juillet dernier où il a vivement désapprouvé la démarche adoptée par Natural Resources Governance Institute (NRGI) et dont les données publiées comportent, selon lui, des informations en net déphasage avec la réalité du secteur minier guinéen à la période de collecte de 2015/2016.
Après ces séries de sorties médiatiques demandant des explications à la NRGI, l’ONG s’est rapprochée du ministère pour revoir ensemble point par point les performances de la Guinée sur les trois composantes qui sont : le cadre général de la gouvernance, la réalisation de la valeur et la gestion des revenus. C’est dans ce cadre que ce mardi 1er août, les experts de NRGI ont débattu au cours d’une session technique avec les cadres du ministère des mines pour parvenir à un compromis sur les données publiées dans le rapport et voir si possibilité il y a, dans le cas où certaines données ne seraient pas conformes à la réalité, de revoir les scores ou le rang de la Guinée dans ce classement.
À l’issue de débats parfois tendus entre les experts de NRGI et les cadres du ministère des Mines sur certains points de discorde contenus dans le rapport, le secrétaire général dudit ministère explique « Nous sommes à mi-parcours des discussions sur le rapport RGI de l’ONG NRGI qui a bien accepté d’envoyer une mission en Guinée, et c’est ce qui est à apprécier après qu’on ait réagi et protesté contre le rapport 2017 de cette ONG, qui classe les pays miniers suivant la gouvernance appréciée de ces pays. Nous avons donc estimé qu’il y a beaucoup de choses qui sont dites dans ce rapport comme on l’a déjà fait savoir et qui probablement ne sont pas justes » a-t-il regretté.
Il estime que ces échanges avec les missionnaires de NRGI ont pour but de revoir dans un ensemble de questionnaire classé suivant les domaines d’intervention du secteur minier guinéen, la fiabilité des données publiées par NRGI en les comparant avec la situation actuelles et les données en possession du ministère des Mines.
« Par exemple, poursuit-il, en ce qui concerne l’octroi des titres miniers, la nouvelle procédure cadastrale est beaucoup plus en avance même par rapport à certaines questions qui sont posées par cette ONG. Nous sommes donc heureux de constater que oui, il y a erreur d’appréciation de la part de cette ONG sur beaucoup de points, par exemple la transparence dans l’octroi des titres miniers. Nous avons la meilleure appréciation de l’expert qui a été financé par la banque mondiale, qui a mis en place toute la procédure de transparence cadastrale dans le monde, dans la plupart des pays miniers. Aujourd’hui nous sommes appréciés par cet expert-là. Tout le monde sait que le cadastre minier fonctionne très bien en Guinée. Il est clair que les titres miniers qui sont donnés en Guinée suivent une procédure qui tient compte du premier arrivé » justifie Saadou Nimaga.
Il poursuit en déclarant que le message est vraiment clair que les titres miniers sont donnés aujourd’hui en Guinée sur la base d’un texte qui a été publié et partagé sur les sites internet et dans les journaux privés au niveau du secrétariat général du gouvernement. Donc tous ces points ont été relevés et discuté, selon lui, avec les experts. « On s’est compris là-dessus plus ou moins. Ceux qui sont venus certainement n’ont pas le mandat pour changer aujourd’hui, mais ils ont avoué avoir compris des choses qu’ils n’avaient pas comprises avant, et c’est ça l’objectif qu’on recherchait » a rassuré le secrétaire général du ministère des Mines.
Pour Thomas Lassourd, analyste économique à NRGI, son ONG a plusieurs indices sur la gouvernance mondiale des ressources minières, et qui donc essaie d’évaluer le niveau des règles et des pratiques qui existent en termes de transparence et de redevabilité dans le secteur minier « les opportunités qu’on a aujourd’hui, c’est de rencontrer les experts du ministère guinéen des mines, de l’environnement, du budget pour discuter du score qui a été attribué à la Guinée, des questions qui justifient ce score, dans le cas où des erreurs ont été commises, qu’on discute pour rectifier ces erreurs et ramener le score à un niveau qui correspond aux performances guinéennes. À l’issue de ces travaux nous prendrons note de tout ce qui doit être changé et nous allons réviser le score de la Guinée » a-t-il laissé entendre.
En substance, Marie Joséphine Nsengiyumva, coordinatrice du projet d’appui à la réforme du secteur minier en Guinée, a déclaré que l’idée de cette session technique, c’est de passer en revue le rapport point par point pour expliquer pourquoi la Guinée a obtenu tel ou tel score. Elle affirme qu’au cours des échanges, il est ressorti des informations dont NRGI n’était pas au courant et qui seront pris en compte pour voir si y a possibilité de revoir les scores. Pour l’instant, affirme-t-elle, « notre rôle va se cantonner à recueillir les réclamations des cadres techniques du ministère afin de les analyser à notre niveau ». Cependant elle a indiqué qu’un chercheur a, dans le cadre de ce projet, été affecté à la Guinée comme tous les autres pays concernés par l’évaluation, n’ayant pas la latitude de se présenter aux officiels en tant que chercheur mandaté par NRGI pour des faits d’enquêtes, ce dernier, dans la peau du simple citoyen, a plus ou moins eu accès aux données.
Mamadou Aliou Diallo, Conakry