Dans cet entretien, Jean Michel Severino, Président d’Investisseurs & Partenaires, revient sur les activités d’Investisseurs & Partenaires. Quinze ans après son lancement, cette structure de capital investissement a créé 6000 emplois.
Comment se présente l’état général de vos activités par rapport à vos objectifs 2017 ?
Nous sommes en avance sur nos prévisions en matière d’appui aux PME et de financement de petites infrastructures. Nos équipes de 30 professionnels sur Paris et dans nos 7 bureaux africains (Abidjan, Accra, Antananarivo, Casablanca, Dakar, Douala et Ouagadougou) travaillent sur un certain nombre de projets à fort impact en termes de développement pour le continent. Notre bureau de Nairobi va bientôt ouvrir, ce qui nous permettra de nous déployer en Afrique de l’Est. Notre programme de création de 10 fonds d’impact africains (avec IPDEV 2) se poursuit. Après le Niger, le Burkina et le Sénégal, les deux prochains fonds vont être créés en Côte d’Ivoire et à Madagascar.
Investisseurs & Partenaires existe depuis quinze ans, quel bilan global peut-on en faire ?
En quinze ans, nous avons accumulé beaucoup d’expérience dans l’accompagnement et le financement des PME. La grande majorité des entreprises que nous accompagnons sont en croissance. Nous avons contribué à la création de 6 000 emplois pour des salaires moyens 4 fois supérieurs aux minimums légaux. Notons également que 80% des entreprises investies ont une couverture santé. La dimension « local content » est également prise en compte. Ainsi, nos entreprises partenaires comptent 70% de fournisseurs locaux.
A ce jour, nous comptons 3 fonds d’impact panafricains et financièrement performants, représentant plus de 75 millions d’euros. Notre fonds I&P Développement 1 (IPDEV1), doté de 11 millions d’euros sur la période 2002-2019, a réalisé 33 investissements et 20 sorties, ce qui démontre la solidité de notre modèle. Également en phase de désinvestissement, I&P Afrique Entrepreneurs (IPAE), couvrant la période 2012-2022, a levé 54 millions d’euros et réalisé 30 investissements.
Concernant les fonds en phase d’investissement, I&P Développement 2 (IPDEV2), évoqué précédemment et lancé en octobre 2015 avec 9,5 millions d’euros, confirme notre ambition et notre volonté de proposer des véhicules d’investissement locaux, de proximité, avec des partenaires africains et adaptés aux besoins des petites entreprises. En outre, deux fonds sont en phase de développement : I&P Afrique Entrepreneurs 2 (IPAE2) pour réaliser entre 35 et 45 investissements et I&P Africa Infrastructure (IPAI) pour financer entre 5 et 15 projets d’infrastructure.
Qu’est ce qui fait la force de ce modèle ?
La pertinence du modèle Investisseurs & Partenaires s’apprécie à travers la qualité de son réseau avec quelque 50 investisseurs : institutionnels, privés, fondations, family offices… A ce jour, Investisseurs & Partenaires a accompagné ou accompagne près de 70 entreprises partenaires dans 15 pays d’Afrique subsaharienne. Ces entreprises sont dirigées par des promoteurs pragmatiques et volontaires, dotés d’une vison de long terme et de qualités de leadership. Nos entreprises partenaires assurent une forte valeur ajoutée locale, occupent une position stratégique sur leurs marchés et appartiennent à des secteurs diversifiés allant de l’agro-industrie à la micro-finance, en passant par le BTP, les nouvelles technologies, les produits et services B to B, la santé…
Financial Afrik a écrit il y a quelques mois « les Africains d’I&P quittent le navire » ? Qu’en est-il ?
Je dois dire que j’ai été surpris par ce titre. En fait, comme toute entreprise, il y a des départs et des arrivées au sein d’Investisseurs & Partenaires. Cela a été le cas récemment dans le cadre du développement de nos bureaux en Afrique. Nous avons renforcé et non réduit nos équipes ! Je dois également préciser qu’il n’y a eu aucun départ en contentieux. Nous sommes une entreprise responsable. La valorisation du capital humain est au cœur de notre démarche. Nos équipes sont pluridisciplinaires et de toutes nationalités, essentiellement africaines. Le souci de la qualité et de la proximité nous pousse à recruter des cadres bien formés issus des zones géographiques où nous intervenons.
Votre message à vos partenaires africains ?
Nous croyons en l’Afrique et en son potentiel. Investisseurs & Partenaires s’inscrit dans une démarche de partenariat. Notre métier c’est d’accompagner l’entrepreneur, en restant un investisseur minoritaire en capital et un partenaire actif qui apporte ses compétences en finance et en management aux PME africaines. Notre démarche se construit sur plusieurs niveaux aux côtés d’un entrepreneur avec qui nous souhaitons nouer une relation de confiance sur le long terme. Nous proposons à nos partenaires un accompagnement stratégique, opérationnel, managérial, social et environnemental. Notre volet assistance technique couvre l’organisation, la formation, les ressources humaines, le mentoring, la gouvernance ainsi que le volet commercial et marketing. C’est cette richesse du partenariat qui nous permet d’atteindre ce double objectif qui caractérise les fonds d’impact : assurer la rentabilité des investissements et permettre aux entreprises de croître, contribuer activement au développement durable du continent.
A propos de Jean Michel Severino
Directeur pour l’Europe centrale puis vice-président pour l’Asie au sein de la la Banque Mondiale (1996-2000) puis directeur général de l’Agence Française du Développement (2001-2010), Jean -Michel Severino cumule des décennies d’expérience dans l’économie du développement. Sous sa direction, l’AFD double ses engagements et élargit ses zones d’intervention vers le secteur privé et les collectivités locales.
Né à Abidjan en 1956, il est auteur de plusieurs essais sur le développement dont « Le temps de l’Afrique » paru en mars 2010 avec une position sur l’aide au développement et les politiques d’ajustement structurels aux antipodes de celles défendues dans le livre « Dead Aid » de Dambisa Moyo, paru en 2009. Depuis 2011, Jean-Michel Severino est le gérant d’Investisseurs et Partenaires (I&P). Diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Paris (ESCP) en 1978, de l’Université Panthéon-Assas avec une licence de droit en 1978, de l’Université Paris Dauphine avec un DEA d’économie en 1979, de l’Institut d’études politiques de Paris en 1980 et de l’École nationale d’administration (ENA) en 1984, M. Severino a un parcours pluridisciplinaire.
2 commentaires
Bonjour, il me semble que le Mali est contourné. Pourriez-vous vous en expliquer ? merci.
Dans les nombreux articles que j’ai déjà pu voir et qui émanent de « Financial Afrik » bien peu concernent la RdC … Y a t’il une raison ?
Que pensez-vous de l’introduction de dirigeables « gros porteurs » dans ce pays ? C’est ce que nous espérons pouvoir faire un jour à travers le projet humanitaire « kimvula » (voir le site http://www.kimvula.be » ) … Qu’en pensez-vous ?