C’est un nouveau rapport d’audit qui cite nommément Komi Koutché, l’ex ministre des finances sous Yayi Boni, en sa qualité d’ancien directeur général du Fonds national de la microfinance (FNM). Un fonds mis en place depuis 2006 par l’Etat pour promouvoir la lutte contre la pauvreté, et l’inclusion financière.
Présentés en conseil des ministres mercredi 2 août, les résultats d’un audit organisationnel, comptable et financier réalisé au titre des années 2013 à 2016, font état d’actes de mauvaise gouvernance au FNM, impliquant M. Koutché et d’autres personnalités ayant intervenu dans sa gestion. Ceci, quelques semaines seulement après l’annonce du rapport ayant visé le même ancien ministre pour de présumées responsabilités et/ou complicités dans la gestion de la filière coton du Bénin, laquelle aurait engendré une perte estimée à 125 milliards de CFA sur trois campagnes successives.
Dans un court message diffusé sur facebook, l’ancien ministre avait annoncé attendre les chefs d’accusation pour aviser. D’ailleurs, le gouvernement a de nouveau instruit le ministre de la justice en relation avec son collègue de l’économie et des finances, « d’engager des poursuites judiciaires appropriées ».
Graves irrégularités et défaillances
Selon le compte rendu du conseil des ministres, il ressort des conclusions que la gestion du fonds sur la période revue a été « émaillée de graves irrégularités » portant préjudice à l’Etat. L’exécutif fait état d’une gestion ayant occasionné des pertes à hauteur de 40,6 milliards de F CFA. Et ce n’est pas tout.
« Les insuffisances du dispositif de contrôle interne n’ont pas permis d’assurer la qualité de certaines dépenses », explique le rapport qui révèle que la gestion de fonds de trésorerie du FNM a été affectée de graves défaillances. La mission d’audit a identifié des dépenses jugées non pertinentes et non justifiées, portant sur un montant total de 315 millions de F CFA.
Par ailleurs, la gestion du portefeuille de crédit « a été désastreuse sur la période, avec des conditions de financement peu optimales et un montant d’impayés évalués à près de 20 milliards de f cfa au 31 décembre 2016 ». Une revue dite approfondie du même portefeuille aurait permis d’identifier en fin 2016, « près de 23 milliards de crédits irrégulièrement accordé par le FNM ».
« Pratiques collusoires » sur des marchés publics
Selon le même rapport, la gestion des marchés publics a également l’objet d’irrégularités, portant sur le défaut de mise en place du cadre institutionnel requis et la violation presque systématique des procédures de passation de marchés publics.
« De façon spécifique, les contrôles ont permis de relever sur la période, un montant total de 202 millions de marché gré à gré passés sans autorisation préalable de la direction nationale de contrôle des marchés publics », annonce le gouvernement.
Par ailleurs, des pratiques collusoires sur des marchés publics sont évaluées à 197 millions, précise-t-on.
Nephthali Messanh Ledy