La quatrième réunion du groupe de travail de haut niveau sur la monnaie unique au sein de la CEDEAO qui a réuni 5 chefs d’Etats de la région ce mardi à Niamey, au Niger, a permis de mettre à nu les divergences de position sur la question, entre maintien et report de l’échéance 2020.
2020 envisageable pour Ouattara et Issoufou
Pour le président ivoirien, ex directeur Afrique du FMI, les pays de la région doivent tout mettre en œuvre pour aboutir à une monnaie unique dès 2020. Selon lui, la réussite du projet nécessite «une volonté politique» des Etats qui doivent «avoir la même vision» et «accepter la surveillance mutuelle et internationale de leurs économies», avec l’idée d’imposer une discipline dans la mise en œuvre des critères de convergence.
Le président nigérien Mahamadou Issoufou abonde dans le même sens, soutenant que «la mise en place d’une monnaie unique est à la fois une décision économique et politique». Aussi, a-t-il suggéré de mettre en circulation à partir de 2020 une monnaie unique pour les pays de la région qui seront techniquement prêts, suivant le modèle européen avec l’Euro, les autres pays devant adhérer au fur et à mesure. « Les remises en question répétitives des dates » sont de nature à « développer une lassitude et installer un scepticisme dans l’esprit de nos concitoyens » a interpellé le président Issoufou.
Prudence, conseille Buhari
Le Nigeria, première puissance économique de la région, conseille plutôt la prudence en raison de l’impréparation de certains pays et les disparités économiques d’un Etat à l’autre. « (…) le Nigeria mettra en garde contre toute position qui milite en faveur d’une approche accélérée de l’union monétaire, tout en négligeant les fondamentaux et d’autres questions pertinentes » a déclaré Buhari à la tribune du sommet. Le président nigérian s’est en outre plaint d’une feuille de route de la monnaie unique qui n’a pas fait l’objet d’une « large consultation » et n’est de ce fait pas « suffisamment inclusive ».
Impossible pour De Souza
Pour Marcel de Souza, le président de la Commission de la CEDEAO, une monnaie unique inenvisageable à l’horizon 2020 au regard des stricts critères économiques.
« De 2012 à 2016, aucun de nos pays n’a pu respecter de manière continue les critères de premier ordre du programme de convergence macro-économique », a-t-il indiqué en relevant une absence d’harmonisation des politiques monétaires entre les huit monnaies de la CEDEAO, condition qui devait précéder la monnaie unique. En outre, l’Institut monétaire, prélude à une Banque centrale commune, n’a pas encore vu le jour.
Rendez-vous en février 2018
Les Etats ont convenu de constituer chacun un comité d’experts devant plancher sur la question. En outre un comité inter-ministériel régional sera mis en place avec pour mission de produire, dans les trois mois, un rapport sur la base duquel sera faite une réévaluation du processus.
La prochaine réunion du Groupe de travail de haut niveau se tiendra à Accra en février 2018.