Le groupe HADAFO Medias, soit le premier groupe de presse de Guinée en termes de part de marché et d’audience qui avait esté en justice contre la décision de la haute autorité de la communication (HAC) suspendant pour une semaine (du 03 au 09 novembre), la radio espace fm et ses antennes relais en province, a été déboutée par la cour suprême. Son recours en annulation de la décision numéro 010/SP/HAC du 02 novembre 2017 a été jugé irrecevable par l’institution judiciaire. Le groupe de presse dirigé par lamine Guirassy réclamait également à la HAC 100 millions de francs guinéens pour dommages et intérêts.
Pour contextualiser, la haute autorité de la communication reproche à la radio Espace Fm du groupe Hadafo Medias d’avoir divulgué des informations qui seraient «susceptibles de porter atteinte à la sécurité nationale et de saper le moral des forces armées », lors de son émission phare de Talk-show de grande écoute « les grandes gueules » du 1 Novembre 2017. L’un des animateurs avait en faisant l’état des lieux au sein de l’armée, à l’occasion de la célébration de son 59 eme universitaire, posé un diagnostic glaçant : affirmant en substance que l’armée guinéenne est sous-équipée et qu’il n’y aurait pas de suivi psychologique au sein de l’armée nationale ». la HAC a aussitôt pris la décision de suspendre la radio Espace pour une semaine.
La décision de la cour suprême « déclarant irrecevable » le recours pour abus d’autorité de la présidente de la HAC, Martine Condé, déposé par Kalil Oualaré, directeur général de la Radio Espace est tombée dans l’après-midi de ce mercredi 8 novembre 2017, au lendemain de « la marche de la colère » des journalistes à Conakry pour dénoncer les exactions commises contre des journalistes et les suspensions des radios Espace fm et Gangan RTV ces derniers jours.
Une menace plane sur les acquis
Le rejet de la plainte du groupe Hadafo medias a pour effet psychologique de maintenir une pression de plus en plus pesante sur les journalistes et la presse guinéenne qui sont entrain de contempler l’écroulement, comme un château de cartes de façon désarmée des acquis de plus d’une décennie. En l’espace d’une semaine, la liberté de la presse et d’expression en Guinée acquis de haute lutte et parfois au prix du sang de certains patriotes sont mises à rude épreuve et se retrouve plus que jamais remise en cause par le pouvoir actuel.
En seulement une semaine charnière, des journalistes et leurs responsables ont été arrêtés et détenus sans préavis en violation de la loi L02 sur la liberté de la presse ; une dizaine qui réclamaient la libération de leurs confrères ont subi des violences d’une rare intensité avec des blessés ; les signaux de deux radios (Espace fm et Gangan fm) ont été brouillés et contrôlés par l’ARPT ( autorité de régulation) avec des méthodes de gangsters ; le groupe Evasion Guinée qui comme par enchantement reçois dans la foulée un dernier avertissement.
Enchainement vertigineux des faits
Tous ces évènements se sont enchainés avec une vitesse grand V qui a pris de court le microsome médiatique guinéen dans son ensemble. Les circonstances qui ont amené à ce que l’on pourrait qualifier à tort ou à raison d’acharnement contre la presse guinéenne avec une volonté de la museler sont toujours floues.
Tout cela arrive avec une célérité déconcertante qui mérite des interrogations. Comment dans un pays où la loi consacre une protection plus ou moins confortable aux journalistes (les protégeant même de la détention), comparé à certains pays de la sous-région peuvent se retrouver en l’espace de 72 heures, menacés dans l’exercice même de leur métier ? n’y aurait-il pas un agenda caché derrière tout cela ?
L’opposition des médias privés guinéens à toute velléité révisionniste de la constitution qui limite de nombre de mandats est un secret de polichinelle. Y’ aurait t-il de proches « conseillers » de l’ombre qui tirent les ficelles pour préparer ce « projet machiavélique » en procèdent à l’extinction de la liberté de ton et d’expression chèrement acquis en Guinée ?
Beaucoup de zones d’ombre subsistent dans cette répression qui, comme une chape de plomb, est en train de s’abattre sur le monde médiatique guinéen.
Un recul est absolument nécessaire pour les associations des medias de Guinée afin d’appréhender toute la menace qui pèse sur la presse guinéenne pour en tirer toutes les conséquences.
À défaut, c’est le début d’un processus qui va finir par anéantir la libre expression et imposer la pensée unique…