La société sucrière Sucaf, filiale du groupe agro-alimentaire Somdiaa va investir 83,7 milliards FCFA, soit 127,6 millions d’euros, dans le cadre du développement de ses activités d’exploitation basées à Ferkessédougou dans le nord ivoirien, à environ 570 km d’Abidjan.
A la faveur de la visite du ministre ivoirien de l’Industrie et des Mines, Jean-Claude Brou, le 10 novembre 2017, le directeur général de Sucaf, Jean-Claude Schmidt, a dévoilé l’important programme d’investissement visant à augmenter de 30% la production sur les cinq prochaines années.
Repreneur des complexes sucriers Ferké 1 et 2 implantés à la faveur de la privatisation du secteur sucrier ivoirien intervenue en 1997, Sucaf entend renforcer sa position sur un marché structurellement déficitaire. En effet, avec une demande de 240 000 tonnes, l’offre nationale stagne autour de 200 000 tonnes par an, presqu’équitablement répartie avec Sucrivoire, l’autre industriel du secteur.
D’une production oscillant bon an mal an autour de 100 000 tonnes de sucre par an, la compagnie ambitionne avec son plan d’expansion passer à 130 000 tonnes d’ici 2022. Un plan intégré qui va se concentrer à la fois sur la création de nouvelles plantations et le renforcement de ses capacités de techniques.
Dans le détail, Sucaf prévoit une extension de ses surfaces exploitées de 1 500 hectares et la création de 800 ha des parcelles villageoise contre une superficie globale actuelle d’un peu plus de 14 000 hectares (dont 2 000 ha de plantations villageoises).
Le plan prévoit également des investissements pour améliorer les rendements, accroître les surfaces irriguées et renforcer les capacités de production des deux usines de transformation qui devraient pouvoir usiner à terme 10 000 tonnes de cannes à sucre quotidiennement contre 8 000 tonnes actuellement.
Quasiment la plus importante industrie de la partie septentrionale du pays, Sucaf qui revendique 10 000 emplois dont (5 500 emplois directs) et un chiffre d’affaires de 63 milliards FCFA (fin 2016), soit environ 96 millions d’euros, est une institution dans la région.
L’année dernière, un revenu de 1,3 milliard FCFA, soit 2 million d’euros environ, a été versé aux paysans exploitants les plantations villageoises. Et dans le sillage de la Sodesucre, la compagnie publique dont elle a repris les actifs, la société poursuit les actions sociétales au profit des populations environnantes estimées 30 000 âmes. Soins de santé gratuits, infrastructures scolaires, électricité, eau potable, etc., ce sont 1,8 milliard FCFA qui ont été ainsi engagés en 2016.
«La Sucaf joue un rôle central dans la région bien au-delà de l’aspect économique et commercial» a déclaré le ministre Jean-Claude Brou qui a exprimé toute sa fierté au terme d’une visite des plantations de cannes à sucre qui s’étendent à perte de vue et des installations industrielles impressionnantes de la Sucaf.
Plaidoyer
Pour le directeur général de la Sucaf, Jean-Claude Schmidt, le plan d’investissement nécessite un accompagnement de l’Etat ivoirien afin d’en renforcer la viabilité. Aussi a-t-il sollicité, entre autres, le maintien de la mesure de restriction sur l’importation de sucre (dévolue aux deux industriels de la filière), la réduction de la TVA, l’appui de l’Etat dans la prise en charge des populations riveraines ou encore un appui dans le règlement des affaires foncières, une partie des réserves de l’entreprise étant aujourd’hui occupée par les populations.
La Sucaf est «un pôle de développement important, c’est la raison pour laquelle le gouvernement lui a toujours apporté un appui multiforme» a estimé Jean-Claude Brou qui a affiché la disposition de l’Etat à «jouer pleinement sa partition» dans la mise en œuvre de ces investissements.