La journaliste Nima Elbagir est celle par qui la sordide histoire de la vente de migrants en Libye a été mise à nu. Née en 1978 au Soudan, elle porte un nom qui n’était pas familier au citoyen lambda avant ces événements, mais a un tel impact sur le plan international avec ses reportages courageux d’Afrique et du Moyen-Orient.
Cette trentenaire a en effet révélé, le 14 novembre dernier, que des migrants étaient vendus aux enchères comme esclaves en Libye. L’actualité de ces dernières semaines est fortement marquée par des faits avérés de trafics d’êtres humains dans ce pays, six (6) ans après la chute de l’ex-homme fort libyen Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011.
Sur les images diffusées sur la chaîne américaine CNN, l’on peut voir des marchés nocturnes où des hommes noirs, la plupart des migrants originaires d’Afrique subsaharienne empruntant la route périlleuse passant par la Libye pour rallier l’Europe, être vendus aux plus offrants. Les enchères se situent généralement entre 400 et 1200 dinars libyens, l’équivalent de près de 700 euros… le prix d’un homme vendu dans ces marchés clandestins.
Ce n’est pas une première pour la jeune dame intrépide. La correspondante internationale de CNN a démarré sa carrière à l’agence Reuters, en couvrant les conflits au Darfour. Comme d’aucuns le savent, son travail l’a amenée « dans certains des endroits les plus sombres et les plus difficiles à dénoncer au cours des 12 derniers mois ». Déjà en 2005, elle a rejoint More4News en tant que journaliste et a couvert une histoire exclusive de viol commis par les soldats de l’Union africaine.
Prenant d’énormes risques, son audace dans les reportages l’a établie comme l’un des journalistes exceptionnels dans le monde entier. Elbagir a couvert, entre autres, l’histoire de l’enlèvement de 250 filles par Boko Haram et a été le premier journaliste à signaler le village. Elle a également interviewé deux filles qui ont fui les militants.
« L’Afrique est au cœur de mes reportages et je m’efforce d’être à l’avant-garde de presque toutes les grandes nouvelles du continent. » Cette phrase de la jeune journaliste renseigne sur son implication dans les faits à dénoncer sur le continent. Informer malgré les risques semble être son leitmotiv.
Son mérite reconnu par ses pairs, Élbagir a été primée en 2008 par l’Association de la presse étrangère – l’histoire de l’actualité télévisée de l’année et le journaliste de l’année de l’émission (lauréate des lauréats). Aujourd’hui, elle est l’une des journalistes les plus célèbres au monde. En 2016, Nima est nommée Journaliste spécialisée de l’année 2016 par la Royal Television Society Awards.
Avec ce nouveau reportage choc, fait au péril de sa vie, la journaliste soudanaise se retrouve une fois de plus propulsée au-devant de la scène internationale et a réussi à faire réagir les décideurs politiques et autres personnalités importantes.
Qui disait que la presse n’est pas le quatrième pouvoir ?