Emmanuel Macron a presque réussi son grand oral devant les étudiants burkinabé.
Dans une salle «marxiste» chauffée à bloc, le président français a d’emblée joué la séduction en citant le rêve d’avenir de Thomas Sankara. Puis en se démarquant de la France coloniale, lui qui n’a pas vu l’Afrique colonisée. Se réclamant de la génération qui a assisté à la libération de Nelson Mandela, le locataire de l’Elysée admet que la colonisation a été un désastre, affichant son appartenance à la grille d’analyse d’André Gide et d’Albert Londres.
Des applaudissements fusent quand il annonce qu’il n’y a plus de politique africaine de la France. Voulant à tout prix éviter les travers du célèbre discours de Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy en 2007, Macron se retiendra de donner des leçons.
Même si c’est pour répéter que la démographie africaine doit être freinée, interprétant ce phénomène dans son rapport avec l’immigration. Le moment de vérité vint après 1h 45 minutes d’un discours qui se veut de rupture. A la fin de son exercice oratoire, la parole revint aux étudiants. «Quatre à cinq questions», pensait Macron. Il y en aura une quinzaine.
Certaines chaudes, très chaudes….Sur l’intervention française en Libye, le président français, cueilli à chaud par une étudiante pro-Kadhafiste, parvient à répondre en se démarquant de son prédécesseur de l’époque sans condamner l’intervention. « Président de la république française, je n’aurai pas soutenu l’intervention en Libye».
Le candidat en marche frôle la crise diplomatique quand il renvoie la même étudiante à son président pour l’éclairage et la climatisation de l’amphi. «Vous me parlez comme si j’étais le président du Burkina Faso», rétorque-t-il à raison.
Et d’aborder la question de la présence française en Afrique: «les soldats français sont là pour vous aider face aux djihadistes», martèle -t-il, réussissant à tirer des applaudissements d’une salle un tout petit peu schizophrène.
Autre question, la demande du rapatriement de la «tonne d’or du Burkina Faso à Paris». La réponse de Macron, au delà de son «si quelqu’un peut me dire où se trouve l’or de la France, je suis preneur», est tout aussi claire que polémique : «La France n’est pas le maître du Franc CFA, elle en est le garant», procédant à un bref rappel de la question des réserves de change. Si l’objectif de cette sortie inédite était de créer la rupture, l’on peut dire que Macron est sur la bonne voie.