A la veille du sommet d’Abidjan consacré à la jeunesse, l’institut IPSE (Institut Prospective et Sécurité en Europe) et , en collaboration avec le quotidien ivoirien Fraternité Matin, a publié un sondage qui fait ressortir le regard des eurodéputés sur l’état de la coopération entre l’Union européenne et l’Afrique.
La coopération entre l’Europe et l’Afrique pourrait être fortement améliorée, suggère le sondage. Elle est jugée satisfaisante pour seulement 22% des parlementaires, 31% estimant qu’elle est peu ou pas satisfaisante. La coopération bilatérale entre Etats recueille d’ailleurs 55% d’avis positifs avec une réelle volonté́ (81%) de renforcement de la coopération entre pouvoirs locaux.
L’Union Européenne devrait donc légitimement s’interroger sur la manière d’assurer son leadership alors qu’elle est en « concurrence » avec les Etats souverains et les collectivités territoriales qui souhaitent de plus en plus jouer un rôle sur la scène internationale.
Un axe Afrique/Méditerranée/Europe destiné à permettre à certains pays du Sud de s’éloigner de l’Islam radical est partagé entièrement par 59% des parlementaires et partiellement par 36%. « Il nous faut donc trouver des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée pour que les gens se parlent, s’écoutent et se comprennent », a analysé Abdoullah Coulibaly, président de la Fondation Forum de Bamako.
La réussite des objectifs du dernier sommet Union Européenne / Union Africaine recueille une moyenne de 3,08 sur 5 qui témoigne également de la difficulté́ de réussir des objectifs généraux et, souvent, très ambitieux.
L’envoi d’observateurs européens sur le terrain lors de processus électoraux est « utile » ou « très utile » pour 75% des parlementaires. Les modifications constitutionnelles doivent passer par un vote double (parlement et référendum) pour 68% des parlementaires, une quasi-unanimité́ se faisant autour de la non- rétroactivité́ de ces modifications (99%).
L’annonce d’une entrée de la Mauritanie durant le sommet est plébiscitée par 70% des eurodéputés. Un avis qui trouve écho chez Cheikh Baya, président de l’association des maires de Mauritanie : « comment le Maroc pourrait être membre de la CEDEAO et pas la Mauritanie qui est beaucoup plus au Sud ? », interroge-t-il.
« (…) le temps est venu, 60 après la création de l’Union européenne, 54 ans après la création de l‘Organisation de l’Unité africaine – dont l’actuelle Union africaine est l’héritière – de repenser en profondeur les relations entre nos deux continents, et ce, à l’aune de la prochaine révision des Accords de Cotonou, qui régissent les relations eurafricaines depuis juin 2000 », analyse pour sa part Emmanuel Dupuy, président de l’IPSE.
« Ce sondage met également en lumière l’impérieuse nécessité́ de développer la coopération sous régionale, à l’image de ce que réalise la CEDEAO (…). Ce sont en effet des sous-ensembles qui, plus restreints et donc plus proches des préoccupations de nos populations, sont parfois plus efficaces », a réagi le président togolais Faure Gnassingbé, par ailleurs président en exercice de la CEDEAO. Ce dernier a suggéré une enquête similaire « au lendemain du présent Sommet d’Abidjan – auprès des parlementaires africains qui, eux aussi, doivent être utilement consultés ».
Il faut noter que 421 députés européens et nationaux (France, Allemagne, Hongrie, Grèce, Pologne, Suède, Pays-Bas, Belgique, Italie, Espagne…) ont pris part à cette enquête du 15 au 21 novembre dernier.