A l’ouverture du sommet UA-UE ce 29 novembre à Abidjan, les personnalités ont rivalisé de propos pour dénoncer le sort de ces milliers de migrants subsahariens errant dans le désert saharien avant d’être piégés dans l’enfer libyen où ils sont relégués au statut de marchandise.
Le président ivoirien Alassane Ouattara évoque une « une situation ignoble » quand Mahamat Faki, le président de la commission de l’UA, s’est lui dit « horrifié et hanté » par le drame qui leur est réservé.
Réunis autour du thème « Investir dans la jeunesse pour un avenir durable », les dirigeants africains et européens sont décidés à agir de concert pour tenter de trouver une solution durable à la crise migratoire qui charrie son lot d’horreur et de drame, du Sahara jusqu’au bord de la méditerranée.
La persistance de l’immigration, la menace terroriste ont fini par convaincre les deux parties de l’urgence de mutualiser leurs efforts afin d’éviter le péril de l’instabilité et autres incertitudes qui pointent à l’horizon.
« Nous devons nous fixer de grandes ambitions pour notre jeunesse (…) prendre des décisions et des engagements forts » a convié le président ivoirien Alassane Ouattara. Avec un peu plus 60% de sa population qui a moins de 25 ans, la situation de la jeunesse africaine présente un tableau inquiétant : moins de 50% a accès au collège, moins du quart entre au lycée et seulement 10% intègre une formation professionnelle. Et, en conséquence, peu compétitif pour le marché du travail dans une Afrique qui ne leur offre d’ailleurs que peu de perspectives d’emplois, cette jeunesse est de plus en plus exposés aux sirènes de la migration, du terrorisme et de la criminalité transfrontalière.
« Nos jeunes ne supportent plus le paradoxe de la juxtaposition d’une Afrique riche qui ploie dans la misère » a déclaré Mahamat Faki, le président de la Commission de l’Union africaine, qui évoque une « responsabilité écrasante » qui « interpelle au plus profond nos consciences ».
Des défis à relever « ensemble »
Avec démographique galopante qui va s’accroître de 1,3 milliard d’individus d’ici 2050, la situation interpelle, au-delà de la méditerranée, une Europe qui se sent plus que concernée (et probablement menacée) et entend jouer pleinement sa partition. « Nous dévons travailler à relever ensemble ces défis » pour « construire un avenir prospère pour les jeunes des deux continents », a soutenu Donald Tusk, président du Conseil européen.
La restauration de la sécurité sur le continent avec un soutien accru au G5 Sahel, la fin du conflit en Libye, le démantèlement des réseaux de passeurs sont évoqués par les participants pour face à la crise actuelle. Mais Il est en outre plus question de faire « des investissements lourds dans la jeunesse » selon les termes de Mahamat Faki, par l’éducation et la formation en vue de renforcer l’employabilité des jeunes : « le FED (fonds européen de développement, ndlr) doit se concentrer sur l’éducation et la formation » suggère Alassane Ouattara qui souhaite plus d’investissements dans les infrastructures et le numérique. Le président Guinéen Alpha Condé appelle lui à « promouvoir le secteur privé », plus à même d’« absorber » les jeunes en quête d’emploi et soutenir l’intégration du continent.
Bâtir « une alliance stratégique », plus qu’un « simple partenariat »
La grande attente des assises est bien l’allure que va prendre la coopération entre les deux régions avec cette nouvelle donne. Antonio Tajani, président du parlement européen, note « qu’il est temps de passer des actes à la parole ». Un passage aux actes qui pourrait prendre la forme d’une « alliance stratégique », plus qu’un « simple partenariat », pour « traduire nos ambitions dans les faits » a préconisé Mahamat Faki. « Une alliance post Cotonou » a repris Donald Tusk afin de « relever ensemble les défis et saisir ensemble les opportunités ». « Un plan Marshall pour l’Afrique », souhaite même Antonio Tajani.
Dans son intervention, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU a interpellé l’ensemble des délégations leurs responsabilités : « les jeunes sont le moteur de notre société et nous devons les écouter, répondre à leurs aspirations pour préserver la paix et notre sécurité collective ».