De notre envoyé spécial
Arrivé à Abidjan parmi les premiers dirigeants conviés à prendre part au 5 ème Sommet Union Africaine-Union Européenne , Sa Majesté Mohamed VI, Roi du Maroc, a tout d’abord entamé en amont, 48 heure avant l’ouverture du sommet, une visite d’amitié et de travail en Côte d’Ivoire.
Participant pour la première fois comme partenaire Africain au sein de l’Union Africaine à une réunion conjointe avec l’Union Européenne, Mohamed VI s’est révélé lors de ce sommet comme l’homme des actions concrètes avec un agenda de propositions. Décryptage.
Le sommet UE-UA visait à débattre de l’avenir des relations entre les deux continents. Des sujets tels que la paix et la sécurité, la gouvernance, la démocratie, les droits de l’Homme, la migration et la mobilité, les investissements et le commerce, le développement de compétences et la création d’emplois ont été abordés dans les différentes sessions.
Cette cinquième édition, placée sous le thème « Investir dans la jeunesse pour un avenir durable », était, il sied de le noter, la première à se tenir en Afrique subsaharienne.
Au-delà de toutes les analyses post –sommet, il sied de souligner la gradeur et le leadership du Roi du Maroc qui, dans un esprit de cohésion, n’a ménagé aucun effort auprès de ses partenaires de l’Union Africaine et a œuvré à ce que l’Afrique parle d’une seule et même voix face aux partenaires Européens.
La diplomatie Royale a travaillé au surpassement en privilégiant la solidarité Africaine et la défense des intérêts communs . Cette stature diplomatique Marocaine impulsée par le Roi du Maroc tout au long du sommet a permis à l’Union Africaine d’affirmer sa cohésion face à un bloc européen venu en force.
En effet, après la session d’ouverture marquée par les discours des Présidents Alassane Ouattar, hôte du sommet, qui a souhaité la bienvenue à ses homologues puis planté le décor en donnant le ton sur l’indignation de la pratique de l’esclavage en Libye, les différents orateurs dont le président de séance, le Guinéen Alpha Condé, président en exercice de l’Union Africaine, ont axé leur intervention sur le renforcement du partenariat entre les deux continents. Les chefs d’Etat se sont par la suite retrouvés à huis clos pour débattre dectrois thématiques :
La Session thématique I : Accroître les opportunités économiques pour les jeunes : investir dans la transformation structurelle durable de l’Afrique- L’éducation et la formation vers la révolution des compétences (y compris les questions de changement climatique).
Cette session été présentée par IDriss Deby Itno, Président de la République du Tchad, qui a fait l’exposé du sujet, suivi du Premier ministre de l’Estonie ainsi que du Président de la BAD et du Président de la Banque européenne d’investissement. Entre autres, les présidents Ali Bongo Ondimba du Gabon, Obiang Nguema de la Guinée Équatoriale, Emmanuel Macron de la France et la Chancelière allemande Angela Merkel ont pris la parole.
Session thématique II portant sur Migration et Mobilité a été présentée par Sa Majesté Mohammed VI, Roi du Maroc, suivi de S.E Mariano Rajoy Brey de l’Espagne.
– La session thématique III qui portait sur la Coopération UA-UE sur la Paix et la sécurité a été présenté par S.E Antònio Costa, Premier ministre du Portugal et par S.E Jacob Zuma de l’Afrique du Sud.
– Session thématique IV portant sur la Coopération UA-UE sur la gouvernance a eu comme exposants: S.E Stefan Löfven, Premier ministre de la Suède et S.E Nana Akufo Addo du Ghana.
Le pladoyer du Roi Mohamed VI à travers l’agenda de la migration
Désigné par ses paires de l’Union Africaine en accord avec les dirigeants Européens , Sa Majesté Mohamed VI a exposé sur la thématique de la migration et de la mobilité.
Très attendu sur cette question, le Roi du Maroc qui s’est aussi, d’entrée de je, indigné sur la pratique de la traite en Lybie a fustigé puis condamné avec la dernière énergie le drame humanitaire auquel de nombreux migrants Africains sont victimes sur une terre Africaine. Porteur d’une nouvelle vision à l’échelle continentale, Sa Majesté Mohamed VI a remis les pendules à l’heure à travers des propositions concrètes sur la question migratoire.
Le Souverain Marocain a fait appel au sens de la dignité et de la responsabilité de part et d’autre et demandé à l’Europe de s’adapter aux nouvelles donnes des migrations internationales car elles constituent un facteur de dynamisme économique qui profite aussi aux pays d’accueil.
Soulignant que l’Afrique est une terre de mobilité avec plus de 20 millions de migrants et 11 millions de réfugiés, le souverain a estimé que l’idée d’un agenda africain sur la migration permettra de briser le tabou et placera cette question au cœur des décisions à cours moyen et long terme.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a plaidé, pour «un véritable Agenda africain sur la Migration», à la portée pleine et entière, dont les premiers jalons ont été posés par le Souverain en juillet 2017, lors du 29ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA).
« En tant que Leader de l’Union Africaine sur la Question de la Migration, J’ai à cœur de soumettre, lors du prochain Sommet de l’UA, des propositions à Mes frères et Sœurs les Chefs d’Etat, pour développer un véritable Agenda africain sur la Migration », a indiqué SM le Roi dans son discours en Sa qualité de Leader de l’Union Africaine sur la Question de la Migration.
«Cet Agenda, à la portée pleine et entière, nous dicte de parler d’une seule et même voix africaine et selon notre propre plan de travail. Aujourd’hui où la mouvance migratoire est sans précédent, il s’impose de manière impérieuse et se décline en quatre niveaux d’actions : national, régional, continental et international », a relevé le Souverain.
Le premier porte sur les politiques nationales et la responsabilité régalienne de chaque pays de gérer la migration illégale. Dans cette optique, le Maroc insiste notamment sur le fait que la migration « ne doit pas être un instrument de pression ».
Le deuxième axe concerne « une coordination sous- régionale » sans laquelle « les politiques nationales de migration seront vaines », tandis que les deux derniers mentionnent la coopération à l’échelle continentale et internationale.
Il sied de rappeler qu’ au mois d’octobre dernier, le Maroc avait organisé une rencontre régionale consacrée à la migration à Skhirat. Le but était de rassembler plusieurs opinions pour poser les « premiers jalons d’un agenda africain sur la migration ».
A cette occasion, le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Nasser Bourita, avait déjà annoncé que le Maroc accueillerait le Forum mondial sur la migration, qu’il copréside avec l’Allemagne, en 2018.
Lors de sa visite en Chine, au mois de novembre, le ministre avait également annoncé que le Maroc s’était porté candidat à l’accueil du prochain dialogue de haut niveau sur les migrations internationales des Nations Unies prévu pour 2018. L’année prochaine devrait être marquée par l’adoption du Pacte mondial sur les migrations.
C’est dans ce contexte précis pour lier la parole aux actions que le Roi du Maroc a annoncé à la tribune du Sommet, la décision du royaume de déployer sa flotte aérienne pour faciliter le rapatriement des migrants Africains de la Lybie .
Le Roi a aussi annoncé une contribution financière du Royaume en faveur des migrants rapatrié dans le cadre de leur réinsertion dans leurs pays respectifs.
Le Maroc qui a engagé une politique de régularisation à grande échelle des migrants Africains dans le cadre de la facilitation de l’intégration est très bien placé pour mener la réflexion sur la question de la migration.
Dans les Coulisses des rencontres bilatérales, Sa Majesté le Roi du Maroc a mis également à profit sa présence pour consolider des liens d’amitiés avec plusieurs dirigeants présent au sommet. Ainsi, le Roi a rencontré entre autres le président Français Emmanuel Macron en tête à tête tout comme le nouveau Président Laurenço de l’Angola.
La rencontre bilatérale la plus attendus a été celle avec le président Sud Africain Jacob Zuma. Première du genre entre les deux chefs d’État, cette entevue semble marquer un tournant dans les relations entre le Maroc et l’Afrique du Sud qui s’est montrée, jusque-là, comme un soutien favorable au Polisario. Cette rencontre a permis de décrisper l’atmosphère entre les deux Etats.
Au cours de cette rencontre, il a été décidé de relever le cadre des relations diplomatiques par la désignation d’ »ambassadeurs de haut niveau à Rabat comme à Pretoria ».
Selon nos sources, cet entretien a été « chaleureux et empreint de franchise et de bonne entente ». Mohammed VI et Jacob Zuma ont convenu de « travailler ensemble, main dans la main, pour se projeter dans un avenir prometteur ».
La diplomatie Marocaine souligne que le Maroc et l’Afrique du Sud constituent « deux pôles importants de stabilité politique et de développement économique, respectivement à l’extrême nord et l’extrême sud du continent ».
La rencontre a abouti à la décision de « maintenir un contact direct et de se lancer dans un partenariat économique et politique (…) et dépasser ainsi l’état qui caractérisait les relations bilatérales ».
La dimension symbolique de la visite de Mohammed VI à Abidjan en amont du sommet UA-UE
Comme indiqué ci-haut, le Roi du Maroc a symbolisé sa venue en amont du sommet par une visite d’amitié et de travail avec son partenaire Ivoirien dans le cadre de la consolidation de la coopération qui lie les deux pays .
En effet, le président Alassane Ouattara et le Roi du Maroc ont inauguré tour à tour le 27 Novembre à Abidjan, le point de débarquement de pêche Mohammed VI de Locodjro doté d’une garderie et d’une unité de fumage.
Ensuit, dans l’après midi, l’hôte Royal du président Ivoirien s’est déporté dans le célèbre quartier populaire de Youpogan où il a procédé à l’inauguration du centre multisectoriel Mohamed VI. Un établissement professionnel dédié à la formation qualifiante.
Premier partenaire économique de la Côte d’Ivoire en terme d’investissement dans le cadre bilatéral,le Maroc, à travers le leadership du Roi Mohammed VI, a diversifié ses investissements en Côte d’Ivoire pays avec lequel il entretient une relation légendaire qui remonte à l’époque du président Houphouët-Boigny.