Adopté en Conseil des ministres le 04 octobre 2017 et actuellement sur la table des députés ivoiriens, le projet de loi de finances du pays pour la gestion 2018 alimente de réelles inquiétudes du secteur industriel national.
En hausse de 4,8% par rapport à 2017, à 6 756,3 milliards de FCFA, le projet de budget 2018 vise, selon le gouvernement, à consolider la croissance économique, favoriser la création d’emploi et renforcer les investissements socioéconomiques. Il est dans cette logique bâti sur une hypothèse de croissance du Pib de 8,3% sous la forte impulsion des secteurs tertiaire et secondaire. Une perspective optimiste qui n’est pas largement partagée. En tout cas, pas par la puissante Fédération Nationale des Industries et Services de Côte d’Ivoire (FNISCI) et le Fonds monétaire international (Fmi) qui, la nuance !
Le secteur industriel pas si optimiste que le gouvernement…
Dans une note de conjoncture adressée à ses entreprises membres, la FNISCI, analyse que « le renforcement de la charge fiscale supportée par les entreprises du secteur formel, -via l’institution de diverses nouvelles taxes, la revalorisation des taux de certaines taxes existantes et/ou l’extension de leur base d’imposition et le démantèlement progressif de certaines exonérations-, caractéristique principale du projet de loi de finances 2018, charrie plutôt de réels risques de ramollissement du dynamisme de l’économie nationale ».
Elle, relève, à juste titre du reste, « qu’à moyen terme, les hausses d’impôts sont plus défavorables à la croissance que peuvent l’être les ajustements en dépenses publiques ». Les secteurs d’activité qui « trinquent » sont la Brasserie, le Cosmétique et Parfumerie, l’Agro-industrie (filière cajou), le Bois, la Téléphonie mobile… pour des recettes fiscales additionnelles d’un peu moins de 80 milliards de FCFA, -contre seulement 3,38 milliards de dépenses fiscales.
…le Fmi aussi
Le Fonds monétaire international (Fmi), ne pense pas moins que le secteur industriel ivoirien, quant à ce qui est des projections de la croissance de l’économie ivoirienne en 2018. Nuançant les prévisions de progression des secteurs secondaire et tertiaire du gouvernement et prudent sur la réalisation effective des investissements publics prévus au budget, l’institution de Bretton Woods situe autour de 7,3% le taux de croissance de la Côte d’Ivoire en 2018.
« Les implications objectives que peut avoir l’augmentation réelle des charges fiscales sur les performances des entreprises ivoiriennes en matière d’investissements, d’emploi et d’exportation ne semblent pas avoir été suffisamment prises en compte (dans l’élaboration du projet de loi de finances 2018) » déplore donc la FNISCI.
Qu’à cela ne tienne, sauf situation extraordinaire, le projet de loi de finances 2018 devrait être adopté en l’état par le Parlement ivoirien. Comme de coutume !