«L’assurance indicielle gagne du terrain »
La capitale sénégalaise, Dakar, abritait, les 4 et 5 décembre, une réflexion du Groupe de la Banque mondiale sur le thème «Expériences et Avenir de l’Assurance Agricole». Au cœur de la stratégie de la nouvelle assurance indicielle, la CNCAS (Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal) que dirige Malick Ndiaye, structure spécialisée dans le financement de l’agriculture et de l’agro-industrie au Sénégal. Entretien.
La Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS) est partenaire de la Compagnie nationale d’assurance agricole du Sénégal (CNAAS) et nous travaillons avec le Mécanisme Mondial pour l’Assurance Agricole (GIIF) de la Banque mondiale depuis quelques années. Nous avons été contacté par Mme Fatou Assah (ndlr : Directrice du programme GIIF) qui a conduit ce projet au Sénégal et nous avons beaucoup échangé sur l’état des lieux, ainsi que sur les perspectives de l’assurance indicielle au Sénégal.
Nous avons effectivement lancé avec la CNAAS dans la vallée du fleuve Sénégal l’assurance agricole sur les dommages liées aux inondations par exemple, aux oiseaux et récemment aux rats palmistes qui altèrent le développement des plantes. Nous avons aussi aujourd’hui un pilote que nous développons avec la CNAAS, la Banque ouest africaine pour le développement (BOAD), la Fédération Nationale des Producteurs de Coton (FNPC), la Sodefitex dans le tier-sud du sénégal, dans la zone cotonnière et dans la zone où on produit du mais. Nous avons fait une première année que nous allons évaluer pour voir comment l’étendre dans le reste du pays et pour les autres types de cultures.
Nous avons évidemment rencontré quelques difficultés liées à la sensibilisation. Vous savez au Sénégal, l’assurance n’est pas bien ancrée dans les habitudes. Il faut dire que si la loi ne faisait pas obligation de souscrire à une assurance automobile, beaucoup de l’auront pas fait.
Dans le domaine agricole, la loi n’impose rien. Ce qui fait que nous devons convaincre les souscripteurs potentiels du bienfondé de l’assurance agricole. C’est ce que le CNCAS fait aujourd’hui avec la CNAAS, dans la vallée du fleuve Sénégal (Nord du pays). Nous y avons des années de succès, mais aussi des réticences. Donc il appartient à la CNAAS et aux acteurs de travailler sur les modèles mais aussi les contraintes et obstacles afin de renforcer ce produit d’assurance qui est entrain de faire des percées dans la zone irriguée nord, dans le bassin cotonnier aussi.
Vous savez il est difficile de connaître le nombres exact de d’agriculteurs bénéficiaires. Cependant, dans la filière coton par exemple, nous avons 11 unions que nous finançons pour à peu près 2,5 milliards, voire 3 milliards de FCFA. Ce sont donc 11 contrats mais, derrière, c’est à peu près 75 000 individus qui sont concernés. Rapporté à cela, on peut estimer qu’aujourd’hui nous avons une population concernée qui tourne autour de 400 à 500 milles. C’est aussi le cas des autres secteurs comme dans la vallée du fleuve Sénégal sur le riz et la tomate. C’est un produit qui commence à gagner du terrain au Sénégal. Il y a des réticences bien sûr. Au mois de janvier, nous avons tenu une conférence à Matam qui était la zone la plus réticente à l’assurance pour les sensibiliser, ce qui a marché.