Intitulé «C’est possible au Mali», le livre du banquier malien Igor Diarra ne peut ne pas faire parler de lui.
A quelques 6 mois des présidentielles et alors que les rumeurs font état de sa possible candidature ou, plus probable, d’un ralliement à une candidature , ce texte, bien écrit au demeurant, présente le profil d’un financier qui estime, chiffres à l’appui, avoir beaucoup fait pour son pays.
Des 40 milliards de FCFA obtenus de la privatisation de la BIM aux réformes au forcep engagées alors qu’il était ministre des Finances, Igor liste les réussites et les amertumes dans un contexte relatif de liberté de la presse. Sa carrière de banquier entamée sous l’ombre de son mentor, Abdoulaye Daffé, a connu des fulgurances et des descentes comme ce brusque rappel à Bamako, courant 1997, alors qu’il officiait en tant que représentant de BDM-Paris.
Jeté au placard à la direction des ressources humaines, il connaît une traversée du désert qui l’emmènera à aller au contact des acteurs économiques, du secteur minier et de la filière cotonnière.
Muté en Guinée Bissau en 2005, dans une promotion qui sonne comme un bon débarras, il ne tardera pas, dans ce pays ravagé par la guerre, à trouver ses marques et à nouer (sa marque de fabrique) des liens au plus haut niveau.
En 2006, le président Amadou Toumani Touré lui confie le sauvetage de la BIM, deuxième banque du Mali. Ce sera son coup d’éclat, réussi, écrit- il, avec ses deux conseillers, à savoir Mme Touré Atou et Cheikhna Cissé.
Après la privatisation réussie et une pause spirituelle qui le mènera à la Mecque, il entre au gouvernement de Modibo Sidibé comme ministre de l’Energie, des Mines et de l’Eau.
Sa sortie du gouvernement avait été interprétée par une disgrâce. Voici le passage qui dévoile un pan de vérité.
Un jour de janvier 2015 à 14 heures.
IBK -fiston, c’est le président IBK ton tonton !
Igor- Bonjour monsieur le président.
IBK –Voila ! Je voudrais te nommer comme ministre de l’économie et des finances dans le gouvernement que nous sommes sur le point de finaliser. J’ai besoin de toi, mon fils. Il s’agit d’une mission pour sauver le Mali.
Igor – J’ai déjà été ministre et cela n’a pas été du tout repos. Ma situation actuelle est très confortable. Je joui d’avantages rares et surtout que je me suis engagé comme c’est le cas avec tous les groupe bancaires internationaux, à ne pas faire de politique.
….
IBK – C’est bon ! C’est bon ! C’est bon j’ai compris. Je t’ai demandé de venir m’aider à sauver le Mali et toi tu me parles de ton groupe bancaire. Merci !
Igor – toton, je voudrais seulement que vous m’accordiez un moment de réflexion et d’échange avec ceux avec qui je viens de contracter.
IBK –Je vous donne trente minutes.
Un peu plus tard vers janvier 2016 sous le première ministre Modibo keita
Modibo – assieds-toi monsieur le ministre ! Ça va ?
Igor –oui monsieur le premièr ministre, merci.
Modibo –voila ! Le président et moi tenions à saluer le remarquable travail que tu as réalisé à la tête du ministère de l’économie et des finances. Mais comme toute mission à un début et une fin, nous avons décidé de mettre un terme à celui-ci. Par ailleurs dans le nouvel étalage gouvernemental, tu occuperas la fonction du ministre du développement industriel. Voila !
Igor –Monsieur le premièr ministre je teins à remercié le président et vous-même pour m’avoir donné le privilège de servir mon pays comme ministre de l’économie et des finances. Vous saviez mes réticences à accepter ce poste. Vous saviez également que j’ai souhaité partir à plusieurs reprises. Je prends donc acte de cette décision et note l’appréciation favorable que vous avez exprimée pour le travail accompli.
Par contre ce qui est de la proposition d’être nommé ministre du développement industriel, elle ne m’intéresse pas et je ne vous ai rien demandé.
Modibo –Comment peux-tu dire cela ? il s’agit d’un ministère dans le gouvernement du Mali. Tu dois au moins me dire que tu va réfléchir.
Igor – J’ai déjà réfléchi, monsieur le ministre. Ma décision est définitive.
Modibo – ha bon ? Tu as réfléchi déjà ? Donc tu étais au courant ?
Igor –Non ! Je suis un gestionnaire. Je suis formé à anticiper. Je vous remercie de nouveau et souhaite bonne chance à votre équipe.
Igor raconte :
Des âmes bien intentionnées lui avaient soufflé que j’étais à l’origine de ses déboires ; non sans lui suggérer, en prime que je cherchais à le remplacer.
J’étais au cœur de toutes les controverses et diffamations bien agencées parfois par sa proximité……….
A la fin de cet extrait, tout suspens semble levé sur les ambitions d’Igor. De sa fonction de ministre de l’Economie et des Finances, il mentionne son incroyable bras de fer avec les banquiers en voulant dissocier les fonctions de PCA et de directeur général comme recommandé par l’UEMOA. «Dans cette affaire , je perds l’amitié du dirigeant de la BDM à qui je dois tant et pour qui j’ai tant d’estime». Bref, «C’est possible au Mali», un livre à lire et qui sonne comme une véritable candidature à la candidature.