Les médias sénégalais ont surtout vu la petite faute d’ortographe. Ailleurs, c’est l’expression «race noire» qui interpelle.
«L’Afrique et la race noire mérite le respect », réagissait le président sénégalais en réponse à son homologue américain Donald Trump, lequel avait qualifié certains pays africains de «pays de merde».
Le tweet de Macky Sall joint à la réaction du Botswana ont été plutôt bien accueillis par les internautes africains. Au Sénégal, la petite entorse à la conjugaison obligera des «tirailleurs de la langue française » à sortir du bois.
Le service de communication du palais fournira une docte explication en endossant la fameuse faute. Ce faux débat semble avoir occulté l’expression «race noire» utilisée par le président sénégalais.
En France, pour avoir évoqué un «individu de race noire» en 2016, le ministère de la Justice s’était retrouvé face à une grosse polémique.
Pour cause, la France a supprimé le mot « race » de sa Constitution depuis 2013 même s’il figure toujours dans le préambule de la Constitution de 1946, intégré à celle de la Ve République de 1958 . »Il n’y a pas de place dans la République pour la race », avait déclaré François Hollande.
Sur le plan scientifique, les travaux portant sur le génome humain avaient à plusieurs fois conclu à une seule race humaine (l’homo sapiens) depuis les années 50.
Je suis choqué par les propos du Président Trump sur Haïti et sur l'Afrique. Je les rejette et les condamne vigoureusement. L'Afrique et la race noire mérite le respect et la considération de tous. MS
— Macky Sall (@Macky_Sall) January 12, 2018
Au contraire de la France, le mot «race» est inscrit dans la constitution des USA depuis 1865, constituant la base de l’application des discriminations positives. En clair, si l’usage culturel du terme est accepté, son fondement biologique, base de la théorie sur les inégalités du français Gobineau, inspirateur du nazisme, a été régulièrement rejeté par la science.
Le langage politique a, lui, beaucoup de mal à s’en départir. Les circonstances atténuantes à la décharge du président sénégalais ne vaudront certainement pas pour Nadine Morano qualifiant la France de «pays de race blanche», Jean-Marie Lepen estimant la question de la race d’une «évidence historique» ou encore De Gaulle décrivant la France comme «un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne».