De retour de Conakry où elle a rencontré Alpha Condé, la coalition des 14 partis politiques de l’opposition togolaise annonce que le président de l’Union africaine (UA) a proposé un dialogue entre le 23 et le 26 janvier 2018, après concertation des parties prenantes. La fin de la crise est-elle envisageable ?
Annoncé depuis le 6 novembre 2017 par le gouvernement après une série d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants de l’opposition dans plusieurs villes, le dialogue politique destiné à mettre fin à la crise togolaise va-t-elle atteindre son premier objectif ? Difficile à répondre, si l’on connait les positions plus que tranchées des deux camps adverses, qui sont tout de même d’accord, du moins officiellement, pour la tenue de ces assises dont les modalités d’organisation et de médiation divisent.
Auréolée de ses fortes mobilisations qui ne faiblissent presque pas dans les rues de la capitale et dans les autres villes du pays, la large coalition des 14 partis politiques de l’opposition, réunis pour la circonstance autour du Parti national panafricain (PNP) au lendemain de sa marche du 19 août, est bien droite dans ses bottes : obtenir le départ le départ immédiat du président actuel, ou en 2020, date de rigueur.
De son côté, Faure Gnassingbé, réélu à 58,77% à la dernière élection présidentielle de 2015 pour un 3e mandat – et disposant d’une majorité à l’assemblée nationale depuis 2013 -, ne jure que par la légalité constitutionnelle. D’autant plus que dans la loi organique actuelle, aucun texte n’empêche le chef de l’Etat de briguer autant de mandats qu’il souhaite.
Mais, contraint par une opposition autrefois atone, et devenu plus inquiétante avec l’arrivée du très mobilisateur PNP, le président Togolais a introduit en septembre 2017, un projet de loi qui limite à la fois, les mandats présidentiel et législatif, et qui institue un mode de scrutin uninominal à deux tours pour l’élection du président de la République.
Sauf que le nouveau texte ne reprend pas l’alinéa selon lequel, « en aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats », tel stipulé par la même constitution originelle votée en 1992 – que réclame l’opposition -, puis modifiée en 2002 par l’ancien président, Gnassingbé Eyadema, quelques mois avant son décès.
Boycotté par les députés de l’opposition, le vote de ce texte par le parlement à la majorité simple ouvre donc la voie à un référendum que réclament les militants du parti au pouvoir descendus eux aussi massivement dans les rues samedi dernier, et dont la coalition ne veut entendre parler.
En effet, dans son article 144, la constitution stipule que « le projet ou la proposition de révision est considéré comme adopté s’il est voté à la majorité des 4/5 des députés composant l’Assemblée nationale. A défaut de cette majorité, le projet ou la proposition de révision adoptée à la majorité des 2/3 des députés composant l’Assemblée nationale est soumis au référendum. Le Président de la République peut soumettre au référendum tout projet de loi constitutionnel ».
Dans son discours à la nation, mercredi 3 janvier, Faure Gnassingbé n’a pas hésité à évoquer le sujet, même s’il avait invité ses « contestataires » au dialogue : « c’est maintenant au peuple togolais tout entier, seul détenteur de la souveraineté nationale, qu’il appartient de se prononcer », avait-il déclaré.
Mais, lui avait-on répondu au groupe des 14, si le gouvernement « croit pouvoir s’obstiner à faire de son référendum », une épée de Damoclès sur la tête de l’opposition, « il trouvera un peuple togolais à la colère plus exacerbée sur son chemin ».
Si le dialogue enfin annoncée pour la semaine prochaine, reste donc la panacée pour une sortie de crise, l’on se demande bien si les deux parties sauront faire taire leurs agendas politiques et sortir le Togo de l’impasse, afin de permettre au pays de retrouver le chemin de la stabilité économique et rassurer les investisseurs.