Des consultations, conduites à l’initiative du président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, se sont tenues, les 11 et 12 janvier 2018, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, entre, respectivement, les gouverneurs d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale et la haute direction de l’institution. Ce sont les premières consultations de cette nature depuis la création de la Banque en 1963.
« Les Assemblées annuelles de la Banque étaient, auparavant, le seul cadre de discussions et d’échanges entre vous, gouverneurs, et la haute direction. Nous avons décidé de rendre ce format de consultations annuelles afin d’avoir une seconde opportunité de vous écouter, de bénéficier de vos conseils avisés et d’échanger avec vous sur les enjeux de développement ainsi que les activités de votre Banque », a déclaré Adesina aux gouverneurs d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ainsi réunis.
Les ministres-gouverneurs ont saisi l’opportunité de cette rencontre pour engager un dialogue franc et direct avec la haute direction de la Banque. Ensemble, gouverneurs et haute direction se sont mis d’accord sur la mise en œuvre rapide des cinq priorités stratégiques de la Banque, dites High 5 : « nourrir l’Afrique », « industrialiser l’Afrique », « intégrer l’Afrique », « éclairer et électrifier l’Afrique » et « améliorer la qualité de vie des populations en Afrique ».
Dans le contexte actuel de forte diminution de l’aide publique au développement, les gouverneurs d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ont plaidé pour une augmentation générale du capital de la Banque africaine de développement, première institution de financement du développement sur le continent, afin de lui permettre de remplir pleinement son mandat au service de l’Afrique.
Selon une étude indépendante du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), concrétiser les High 5 permettrait à l’Afrique de réaliser 90 % des Objectifs de développement durable (ODD), tout comme 90 % de l’Agenda 2063 qu’a défini l’Union africaine.
« La Banque africaine de développement est solide sur le plan financier. Nous sommes conscients des besoins considérables en ressources du continent qui sont indispensables à son développement. Sans l’Afrique, le monde n’atteindra pas les objectifs de développement durable (ODD) », a ainsi confirmé Hassatou Diop N’Sele, trésorière du Groupe de la Banque, qui assure l’intérim de la vice-présidence Finance.
En réponse, les gouverneurs ont reconnu la nécessité de procéder à une augmentation générale du capital de la Banque africaine de développement, rappelant que la sixième augmentation de capital, entérinée en 2010, avait permis de porter le volume de prêt à un niveau jamais atteint jusque-là. L’aide apportée aux pays relevant du Fonds africain de développement a également été multipliée par 17.
« Au plus fort de la crise qui a secoué notre économie, du fait de la chute du cours de pétrole, c’est de la Banque africaine de développement que nous était venu le soutien décisif à travers un appui budgétaire conséquent, alors que d’autres partenaires étaient très réticents. Nous avons donc besoin d’une Banque forte, capable de remplir ses engagements et de nous accompagner dans la mobilisation de nos ressources internes », a estimé la ministre nigériane des Finances Kemi Adeosun.
« Nous adhérons entièrement à cette augmentation générale du capital de la Banque, a renchéri le ministre gabonais de l’Economie et des Finances, Régis Immongault, gouverneur de la Banque africaine de développement pour le Gabon. Nous sommes en effet persuadés qu’elle va donner à notre Banque les moyens de nous accompagner encore plus qu’elle ne le fait aujourd’hui dans nos efforts de développement. Nous en avons plus que besoin, alors que nous sommes confrontés à de nouveaux défis que sont la démographie, les changements climatiques, ainsi que les menaces sécuritaires ».
La ministre guinéenne en charge du Développement, Mama Kanny Diallo a, pour sa part, insisté sur l’urgence à donner à la Banque des ressources suffisantes pour lui permettre de continuer à assurer le leadership du développement en Afrique.
« La Banque africaine de développement est la première banque sur le terrain. Elle a permis à un pays comme le mien de s’engager dans des politiques d’amélioration de la gouvernance, de mobilisation des ressources internes. Elle nous a permis de renégocier, au mieux de nos intérêts, nos contrats miniers et d’explorer des solutions innovantes », a argué madame Kanny Diallo.
Et d’ajouter : « Au-delà du seul cas de la Guinéee, il s’agit, à travers cette augmentation du capital, de donner à la Banque les moyens de retenir la jeunesse du continent ici. La destinée de nos jeunes n’est pas d’aller mourir dans la mer ou sur les routes du désert ».
« Nous sommes très heureux de la qualité des échanges que nous avons eus. Votre déplacement suffit, à lui seul, à témoigner de votre attachement à ce que nous faisons ensemble au service de l’Afrique. Au regard de la qualité des résultats auxquels nous sommes parvenus et du climat franc et sincère de nos échanges, nous avons décidé d’inscrire désormais ces consultations régionales dans notre programmation annuelle », a conclu le président Adesina.
Les consultations sur les défis du développement en Afrique, ses perspectives économiques et l’agenda des réformes de la Banque africaine de développement se poursuivront prochainement entre la haute direction et les gouverneurs des régions d’Afrique de l’Est, du Nord et australe.