C’était la première fois en six ans que le président congolais tenait une conférence de presse.
Arrivé au pouvoir le 26 janvier 2001, soit dix jours après l’assassinat de l’ancien président, Laurent Désiré Kabila, en fait son père, Joseph Kabila, 46 ans dont 17 au pouvoir, s’est livré à une sorte de bilan, vendredi 26 janvier.
Un exercice plutôt périlleux dans un pays en impasse politique et constitutionnelle depuis décembre 2016 et qui vient de vivre coup sur coup la répression sanglante (15 morts selon l’ONU) de deux marches, le 31 décembre et le 21 janvier dernier.
Des 14 milliards de dollars de dettes qu’il a trouvés sur la table, en passant par la réunification du pays, Kabila déroule ses réalisations en assenant des coups bien mijotés à ses adeptes, n’épargnant pas l’Eglise, invitée de rendre à César ce qui appartient à César (Jésus-Christ n’a jamais présidé une Commission électorale, ironise, t-il), la mission onusienne Monusco (qu’il défie de citer un seul groupe qu’il a réussi à éradiquer) et, classique, la Belgique, ancienne puissance colonial, omniprésente dans l’imaginaire politique local: «Ceux qui ont tué Lumumba devraient être humbles au lieu de s’ériger en donneurs
de leçon sur la démocratie ».
Tirant sur la corde du nationalisme africain, Kabila a fermé, jeudi dernier ,
l’Agence de développement belge (Enabel) et la Maison Schengen.
Une fois rappel à l’ordre et piques servis, Kabila aborde la question délicate de la constitution de 2006, qu’il a fait adopter par référendum. Sur ce point, le président se fait interpeller par une journaliste : «Allez-vous être candidat à votre succession alors que la constitution congolaise ne permet pas à un chef de l’Etat de briguer plus de deux mandats successifs?».
Remous dans la salle et esquive plus ou moins réussie de l’hôte du jour:
«quelqu’un a-t-il une copie de la Constitution ici? Remettez ça à ma jeune sœur ».
Il apparaît clairement qu’aux yeux du président congolais, la constitution ne lui interdit pas de briguer un troisième mandat. L’homme dont le deuxième mandat présidentiel est arrivé à terme en décembre 2016 sera-t-il parmi les protagonistes de l’élection présidentielle combinée aux législatives nationales et provinciales le 23 décembre 2018? Le suspens demeure.
Pour rappel, un accord politique avait été conclu le 31 décembre 2016 entre la majorité et l’opposition sous l’égide de l’Eglise catholique. Cet accord autorisait Joseph Kabila à rester au pouvoir après l’expiration de son second mandat mais avec l’obligation d’organiser d’ici à la fin 2017 une élection pour lui désigner un successeur. Ce scrutin a été repoussé au 23 décembre 2018.