La démission fracassante de Paul Romer, chef économiste de la Banque Mondiale, suite à ses critiques portant sur le classement Doing Business, fragilise ce rapport qui fait autorité depuis quinze ans.
Selon le célèbre économiste de l’Université de New York, connu pour sa théorie de la croissance endogène, des considérations parfois politiques ont motivé le classement de certains des 190 pays mis en exergue dans ce document particulièrement pris au sérieux en Afrique. Le cas du Chili illustre bien cet état de faits.
Le pays d’Amérique Latine aurait été pénalisé volontairement depuis l’arrivée aux affaires de la socialiste Michelle Bachelet, en 2014. Depuis, le Chili a perdu 20 places, se traduisant par une éviction des IDE.
Doing Business 2017 « (publié fin 2016) a été, par exemple, le premier de la série à se demander avec quelle facilité les entreprises peuvent obtenir un remboursement ou résoudre une erreur après le dépôt de leurs impôts.
Dans ce rapport, le Chili a été classé comme le 120e endroit le plus facile à payer des impôts, quelque 87 crans en dessous de son rang l’année précédente. Aucun autre pays n’est tombé aussi fortement.
À en croire Paul Romer, le seul critère lié aux délais de paiement des impôts exigés aux entreprises ne pouvait suffire pour faire passer le Chili de la 34e (2014) à la 57e place du classement général. Paul Romer remet en cause la fiabilité des quatre dernières éditions.
En fait, la Banque Mondiale, a changé les règles de son classement. La nouvelle méthode sur-pondère les critères mesurables tels que le nombre de jours requis pour créer une entreprise, enregistrer une propriété ou enregistrer des taxes.
En changeant les règles, les classements ont permis une meilleure prestation de certains pays comme l’Inde alors que la Chine, souvent malmenée par le rapport, en appelle à sa suppression.
Paul Romer parle des règles taillées sur mesure. Ce que dément sans détour la BM qui rappelle que les indicateurs et la méthodologie sont conçus sans aucun pays à l’esprit. Pour couper court à la polémique, l’institution financière internationale est décidée à mener sa propre enquête sur les indicateurs du Chili.
Depuis sa prise de fonctions en 2016, l’économiste en chef était en conflit permanent avec les responsables de la BM sur la méthodologie et la rédaction des rapports produits par cette institution financière internationale. Accusant l’équipe Doing Business de mettre un «pouce sur la balance», Paul Romer relance un débat sur le caractère idéologique d’un rapport qui participe de l’uniformisation des politiques économiques dans le monde mais pas forcément de la mise en place de meilleures systèmes de répartition de revenus.
Le rapport note que les 20 pays recevant leurs meilleurs scores (c’est-à-dire les plus favorables aux entreprises) – presque tous des économies avancées – ont un coefficient de Gini plus faible que les 20 pays qui reçoivent les scores les plus mauvais.