Au pied du mur, lâché par ses proches et sous le rouleau compresseur des médias, Jacob Zuma a démissionné de la présidence sud-africaine. Voici son discours intégral annonçant sa démission.
« Membres des médias, présents ici
Chers Sud-Africains, je vous adresse après des semaines de spéculations sur mon avenir en tant que Président de la République d’Afrique du Sud.
En particulier, je fais référence à la décision très médiatisée et attendue du Congrès national africain publiée le 13 février 2018. Il est désormais de notoriété publique que le Comité exécutif national de l’ANC a décidé de me rappeler en tant que Président de la République.
J’ai également appris que, avant de répondre à la décision initiale, une nouvelle décision a été prise par l’ANC, dont l’effet est que j’ai été contraint de démissionner par une motion de défiance, prévue pour demain, 15 Février 2018.
L’ANC est en effet le parti sur la nomination duquel je suis devenu candidat à la présidence de la République d’Afrique du Sud après sa victoire aux élections nationales de 2014.
C’est au nom de l’ANC que j’ai été élu par la majorité à l’Assemblée nationale en tant que Président de la République. Je suis éternellement redevable à l’ANC, le mouvement de libération que j’ai servi presque toute ma vie.
Je respecte chaque membre et chef de ce mouvement glorieux. Je respecte sa lutte galante contre les siècles de brutalité des minorités blanches, dont les reliques subsistent aujourd’hui et continuent d’être retranchées de toutes les manières sophistiquées, afin d’assurer la survie continue du privilège blanc.
Je prends au sérieux et je suis reconnaissant à l’ANC que, face à sa mission révolutionnaire d’assurer une vie meilleure pour tous et la création d’une Afrique du Sud non raciale, non sexiste et démocratique, elle m’a déployée au sommet de son rôle dans le gouvernement.
J’ai également été élu en vertu de l’article 86 de la Constitution et, à partir de ce moment, j’ai juré fidélité à la Constitution de la République d’Afrique du Sud. Ce fut en effet une grande expérience d’apprentissage, une tâche gigantesque, dont la performance ne peut jamais être réalisée sans difficulté et sans apprentissage en cours de route.
Aucun d’entre nous, aussi parfait soit-il, ne peut affirmer que la construction d’une nouvelle société et le rassemblement d’un ancien mouvement de libération en un parti politique moderne se font tous en ligne droite.
Il a des détours, des erreurs humaines et des rochers éparpillés le long du chemin. Parce que la lutte et la politique sont des activités humaines, leur poursuite n’est pas sans les souillures de la nature humaine. Toute ma vie, j’ai servi et continuerai à servir l’ANC dans la poursuite des objectifs de la Révolution Démocratique Nationale.
Je suis le Président de la République d’Afrique du Sud dans le prisme de notre Constitution très acclamée, dont je souscris pleinement aux valeurs fondamentales.
Je comprends parfaitement que pendant que je sers au bon plaisir de mon parti, l’ANC, la porte par laquelle je suis officiellement venu servir le peuple sud-africain est l’Assemblée nationale, sans laquelle aucun parti politique ne peut imposer son candidat à l’électorat, importe combipopulaire.
Cette ligne constitutionnelle entre le Parti et l’État est souvent oubliée dans le cadre habituel des contestations politiques des partis. Alors que nous livrons nos propres combats dans les couloirs du pouvoir politique, et que nous servons parfois les intérêts des oppresseurs d’autrefois, qui célèbrent joyeusement en nous lynchant les uns les autres, nous oublions souvent les citoyens au nom desquels nous créons une vie meilleure.
Nous avons tendance à placer le parti politique au-dessus de la loi suprême du pays, qui est le livre de règles pour l’engagement politique du pays. Je ne fais pas cette référence parce que je suis au-dessus de tout reproche. Je ne veux pas non plus proclamer qu’en assumant mes responsabilités politiques, j’ai été la quintessence de la perfection.
Si la vérité est dite, aucun de nous ne l’est. Cependant, je respecte les prescriptions de la Constitution et ses conséquences sur la façon dont nous entrons, restons et quittons le bureau politique et le gouvernement.
Il y a eu beaucoup de spéculations sur la façon dont le Président de la République devrait quitter son bureau. Dans mon cas, certains ont même osé suggéré que les avantages et les avantages postérieurs au service devraient déterminer comment on choisit de quitter une fonction publique.
Souvent, ces préoccupations concernant les avantages sont soulevées par les mêmes personnes qui cherchent à parler en tant que parangons de la vertu et tout ce qui est constitutionnel. Certains suggèrent même que les dispositions constitutionnelles pertinentes, les articles 89 et 102, selon lesquelles le président devrait être démis de ses fonctions, constitueraient un embarras ou une humiliation.
Pour cette raison, diverses suggestions sont faites pour aider les dirigeants à éviter cette voie constitutionnelle de quitter les fonctions politiques sans avantages.
Si nous nous servons de la Constitution, nous devrions être prêts, si besoin est, et si ceux que nous servons le jugent approprié, à subir les difficultés liées à nos obligations constitutionnelles. Que nous perdions nos avantages post-politiques, ne devrions pas déterminer comment nous agissons au moment de notre départ.
Je n’ai pas non plus accepté de servir parce qu’il n’y a pas de meilleurs cadres dans l’ANC et dans le pays. Plus important encore, je n’ai pas accepté de servir afin de sortir avec des avantages et avantages du Bureau du Président.
C’est mon parti qui m’a placé devant les représentants du peuple à l’Assemblée nationale pour être élu. C’est mon parti qui m’a servi pour servir sur la base de la Constitution en tant que loi suprême du pays. Ne vous méprenez pas, aucun leader ne devrait rester au-delà du temps déterminé par les personnes qu’ils servent.
Plus important encore, aucun dirigeant ne devrait chercher une issue facile simplement parce qu’ils ne pourraient pas faire face à la vie à la fin de leur terme sans les avantages qui viennent avec leur bureau politique.
Je ne crains pas de quitter le bureau politique. Cependant, j’ai seulement demandé à mon parti d’articuler mes transgressions et la raison de son instruction immédiate que je quitte mon poste.
C’était important compte tenu des discussions que j’ai eues avec le Président et le Secrétaire Général du Parti et qui visaient à unir notre organisation, l’ANC.
Il est en effet vrai qu’il y avait un accord, que même si le besoin se fait sentir que je devrais quitter le bureau avant la fin du mandat, il est nécessaire d’avoir une période de transition, au cours de laquelle je déléguerai certaines fonctions à la Vice-président de la République.
Bien sûr, je dois accepter que si mon Parti et mes compatriotes souhaitent que je sois démis de leurs fonctions, ils doivent exercer ce droit et le faire de la manière prescrite par la Constitution.
Je ne crains aucun mouvement de défiance ou de mise en accusation, car ce sont les mécanismes légaux pour que les gens de ce beau pays retirent leur président. J’ai servi le peuple sud-africain au mieux de mes capacités.
Je suis toujours reconnaissant qu’ils m’ont fait confiance avec leur plus haut bureau dans le pays. Mais quand j’ai accepté le déploiement, j’ai entrepris de me soumettre à la loi suprême du pays, la Constitution.
Passage en Zoulou
Je ne suis pas entré dans le combat parce que j’étais déployé. Une chose que je vous demande, c’est ma nation, et pourtant je dois sortir de la loi constitutionnelle qui peut être mise en place.
Je ne crains pas la perte des droits et intérêts du Président. Je ne suis pas allé pour ces choses dans le gouvernement, alors ne me dites pas ici.
Je ne veux que la justice et le respect de la constitution et de mes droits. Si cela arrive, je sortirai humblement et respectueusement. Je crois avoir fait mon propre travail pour lequel vous m’avez mis. S’il y a quelque chose que je n’ai pas bien fait, mes collègues ne voient pas l’unité.
Je remercie également les citoyens d’Afrique du Sud pour le privilège de servir en tant que Président de la République depuis 2009.
Ce fut un honneur que je chérirai tant que je vivrai. Je tiens à remercier les membres du Cabinet, les sous-ministres et l’ensemble du gouvernement, national, provincial et local, pour l’esprit positif et la coopération avec lesquels nous avons tous travaillé.
Je remercie également les autres branches de l’Etat pour le travail que nous avons accompli. Je remercie tous les partis politiques qui sont au parlement pour leur contribution à la consolidation de notre démocratie.
Je remercie toutes les parties prenantes: les entreprises, les travailleurs, les chefs religieux, les chefs traditionnels, les jeunes, les groupements féminins, le secteur de l’éducation et tous les autres avec lesquels nous avons travaillé au fil des années. Je remercie la communauté internationale pour la coopération.
J’ai aussi été troublé par les cas de violence qui sont survenus à cause des opinions divergentes parmi les membres de notre organisation à l’extérieur de notre siège, Luthuli House. Aucune vie ne devrait être perdue en mon nom et l’ANC ne devrait jamais être divisé en mon nom.
Je suis donc venu à la décision de démissionner de la présidence de la République avec effet immédiat.
Même si je suis en désaccord avec la décision de la direction de mon organisation, j’ai toujours été un membre discipliné de l’ANC.
En partant, je continuerai à servir le peuple sud-africain ainsi que l’ANC, l’organisation que j’ai servie toute ma vie.
Je consacrerai toute mon énergie à travailler à la réalisation des politiques de notre organisation, en particulier l’agenda de la Transformation économique radicale.
Je vous remercie, ngiyabonga. »