Lancé depuis le 12 février dernier, le mouvement de grève mené par le syndicat libre des enseignants-chercheurs de Guinée (SLECG) pour la revalorisation du point d’indice salariale et l’amélioration des conditions de vie des enseignants se trouve dans l’impasse. Les négociations qui sont pratiquement au point mort laissent place désormais à la confrontation, aux menaces et à un dialogue de sourds. Un véritable imbroglio.
Dans un contexte très sensible marqué par la tenue des élections municipales en début du mois et l’attente de la publication des résultats définitifs avec déjà des débuts de contestations de rue des opposants, avec des cas de morts et des dégâts matériels considérables, l’étau se resserre autour du gouvernement.
Il faut rappeler que ce mouvement de grève a démarré depuis novembre dernier et avait occasionné une série de manifestations avec des pertes en vies humaines avant d’être suspendue à la faveur d’un accord tripartite gouvernement-syndicat-patronat.
Les conditions d’une trêve de deux mois étaient que sur les 40% d’augmentation salariale exigés par les syndicalistes, il était prévu que 20% soient payés à la fin du mois de décembre et les 20% restants seraient acquis dès le premier trimestre de l’année 2018 pour un salaire minimum de base 8 000 000 francs guinéens.
Le hic, ce que le gouvernement n’a non seulement pas tenu parole mais a essayé de s’appuyer sur d’autres syndicalistes pour marginaliser le principal meneur du mouvement, Aboubacar Soumah, cela a contribué à radicaliser les positions.
L’argument du gouvernement était de dire qu’il n’a pas la possibilité financière de satisfaire le rehaussement du salaire minimum de base des enseignants à 8 000 000. Bref, à ce stade, la confiance semble totalement rompue avec le syndicat qui, désormais conditionne la suspension de la grève actuelle à la satisfaction entière de sa plateforme revendicative.
Le leader syndical Aboubacar Soumah qui était jusque-là secrétaire général adjoint du SLECG et qui a été porté récemment par la base à la tête du mouvement à la faveur d’un congrès, n’est pas reconnu par les autorités qui lui préfèrent d’autres leaders syndicaux plus conciliants et moins va-t-en guerre et qui, récemment, ont pris la décision de l’exclure au sein du SLECG.
Malgré cela, le leader syndical Soumah jouit de la légitimité du soutien de la base syndicale ce qui fait de lui un interlocuteur incontournable. Le gouvernement se retrouve ainsi dos au mur et se voit obligé de négocier avec lui.
L’inspection générale du travail a fait un premier pas la semaine passée, que le principal concerné a décliné en le jugeant assez « timide » puisque, selon des informations relayées par des journalistes de la radio Espace, le courrier qui lui a été adressé, l’invitant au dialogue ne mentionne son nom qu’à titre individuel et non en tant que secrétaire générale du SLECG.
Le message envoyé à l’endroit du gouvernement est donc claire, pour Aboubacar Soumah, il s’agit en priorité de satisfaire à la revendication syndicale mais aussi de faire valoir, par une reconnaissance officielle, son leadership à la tête du SLECG face à la veille garde syndicales jugée plus fréquentable par Conakry.
Entre la publication des résultats définitifs des municipales attendus dans les heures ou jours à venir, l’arrêt des cours dans presque toutes les écoles à travers le pays, l’entrée en grève de l’Union Générale des Travailleurs de Guinée (UGTG) et le mouvement du SLECG, le cocktail est quasi explosif. À Suivre…