C’est par les petits soins de Madeleine Berre, la ministre de la promotion des investissements du Gabon, que le gouvernement tente de rassurer les opérateurs économiques français, dans un climat marqué l’affaire Veolia qui fait grand bruit.
« Le dossier Veolia ne doit pas impacter l’intégralité des entreprises françaises», avait déclaré la ministre après une rencontre mercredi 7 mars avec les opérateurs économiques français en activités au Gabon.
En effet, selon les explications de l’ex-présidente de la Confédération patronale gabonaise, cette affaire qui oppose l’Etat à l’entreprise française a un cadre qui lui est propre, découlant d’un contrat signé en 1997, avant l’audit les audits entamés en 2010.
«Les conclusions ayant abouti à la réquisition de la SEEG (la Société d’énergie et d’eau du Gabon, Ndlr) ne concernent que le Groupe Veolia. Cela ne doit en aucun cas entamer les relations entre la France et le Gabon», avaitindiqué Madeleine Berre. « Aujourd’hui, nous nous efforçons d’améliorer le climat des affaires », s’est-elle empressée d’ajouter.
En rappel, le Gabon avais mis fin, le 16 février 2018, au contrat de concession du service public de l’eau et de l’électricité avec le groupe Veolia, concessionnaire depuis 20 ans. Entre autres raison évoquées, « la dégradation de la qualité du service rendues aux usagers, les efforts financiers de l’Etat non suivis des effets escomptés et les plaintes récurrentes des populations ».
« La situation est difficile »
«Certes la situation est difficile », reconnait la ministre. « Mais nous souhaitons que les entreprises françaises ne soient pas frileuses, et nous accompagnent dans cette épreuve», a-t-elle déclaré.
Sans se garder de lancer un pic auMouvement des entreprises de France (Medef) qui s’est entre-temps invité dans le débat, et dont le directeur Afrique « n’est autre que Patrice Fondolossa, dirigeant du groupe Veolia», rappelle-t-elle : « le lettre du Medef est maladroite et inappropriée. Le Medef ne saurait faire du dossier Veolia une préoccupation collective ».
En effet, dans une correspondance adressée le 26 février au premier ministre,Régis Immongault, l’organisation patronale françaiseavait dénoncé une «décision unilatérale qui ne repose sur aucun fondement juridique», et avait promis une procédure judiciaire pour «faire la lumière sur ce dossier».
Selon La lettre du continent, Veolia a engagé le cabinet Mayer Brown pour attaquer l’Etat gabonais en justice.Dans tous les cas, « le Gabon a de bons arguments »en cas de procès, avait assuré Alain Claude Bilie-By-Nze, le porte-parole du gouvernement.
Manœuvres
Pour sauver ce qui peut l’être, le premier ministre avait échangé avec Dominique Renaux, ambassadeur de France près le Gabon, Didier Lespinas, président du Conseil du commerce extérieur de la France « sur la situation des entreprises françaises au Gabon ».
Une occasion pour Régis Immongault de « repréciser les choses dans le sens où les relations entre l’Etat gabonais et Veolia ne concernent pas tous les opérateurs économiques», selon ses termes.