Abidjan a réussi à mobiliser 1,7 milliard d’euros sur le marché international des obligations, soit un peu plus de 1 115 milliards FCFA. Un emprunt dont une partie a été obtenue avec une maturité de 30 ans, un record pour un pays africain sur le marché des euros-obligations.
Pour lever tout équivoque quand à cette nouvelle dette, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly a donné les raisons de ce retour sur le marché international au cours d’une conférence de presse ce mercredi 21 mars
L’Euro, gage de stabilité de la dette
Après avoir emprunté jusque-là en dollar sur le marché international, Abidjan s’était essayé, pour son troisième Eurobond l’année dernière, aux euro-obligations avec une levée de 625 millions d’euros sur 8 ans au taux de 5,125% (en plus d’un emprunt de 1,250 milliard de dollars sur 15 ans au taux de 6,25%).
Pour sa quatrième sortie internationale, la Côte d’Ivoire a fait le choix de n’emprunter qu’en euros. Une option qui se justifie par « la possibilité pour nous de nous financer à long terme, sans risque de change et à des taux plus bas, sur un marché euros de plus en plus profond » a expliqué le premier ministre ivoirien qui fait référence à la parité de change fixe entre l’Euro et le Franc CFA.
Un choix salué par le marché, l’offre de souscription ayant atteint « 4,55 milliards d’euros », avec une maturité longue qui fait ainsi entrer la Côte d’Ivoire « dans l’histoire en tant que premier pays d’Afrique à réussir une émission obligataire en euros, sur 30 ans ».
« Ce long terme est l’expression d’une confiance (…) dans le pays et dans son avenir », un motif de « fierté » et vient souligner « la qualité de la signature » du pays, s’est satisfait Gon Coulibaly.
Une hausse de la dette de 0,6% en 2018
Face aux craintes de surendettement qui suscite la polémique dans l’opinion, Amadou Gon Coulibaly a expliqué qu’avec ce nouvel emprunt et ceux prévus cette année, la dette du pays ne connaîtra qu’une hausse de 0,6%. « Conformément à notre stratégie de gestion de la dette à moyen terme (2018-2022), le ratio dette/PIB devrait se situer à 43,2% à fin 2018 contre 42,6% à fin 2017, soit une augmentation modérée de 0,6% », avec un ratio d’endettement « le plus faible de la sous-région ouest africaine » a-t-il relevé.
Pour ce dernier, l’emprunt pour un pays doit être considéré comme « normal », tout comme un individu le ferai pour se constituer un patrimoine pour l’avenir.
« Nous réalisons annuellement une analyse de viabilité à long terme (20 ans) de la dette. La dernière qui a été réalisée, avant l’Eurobond 2018, confirme que le risque de surendettement de notre pays demeure modéré. Cela signifie que tous les indicateurs de solvabilité et de liquidité de la Côte d’Ivoire demeurent en dessous de leurs seuils respectifs, dans le scénario de base », a-t-il poursuivi.
Également, prenant « l’indicateur de soutenabilité de la dette du FMI selon lequel le ratio services de la dette/recettes propres du pays doit être égal à 18% », le chef du gouvernement a assuré « qu’ici également, la Côte d’Ivoire est en deçà de ce taux ».
Des projets ambitieux
Cet emprunt contracté dans le cadre du budget 2018 va permettre de mettre sur les rails des investissements dans différents secteurs: l’éducation, la santé, l’énergie et les infrastructures routières.
Dans le domaine de l’éducation, le pays a en projet la concrétisation du programme « Éducation pour tous » qui vise à la scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans. Une ambition qui nécessite un renforcement des infrastructures scolaires ausuis bien au primaire qu’au secondaire. Au niveau de la santé, le pays porte un portefeuille de 577 milliards FCFA d’investissements en infrastructures et équipements sur la période 2018-2020 qui va être lancé. Concernant l’énergie, le premier ministre a relevé que cet emprunt servira en partie à financer le Programme énergie pour tous (PEPT) dont l’ambition est d’électrifier avant 2020 tous les villages de plus de 500 habitants.
L’on peut également citer dans le secteur routier le projet du quatrième pont d’Abidjan dont le démarrage, initialement prévu en 2017, a été retardé et va être finalement lancé cette année avec le décaissement de la cote part du financement revenant à l’Etat ivoirien.
Pour rappel, l’opération d’emprunt qui s’est faite en deux tranches devrait « stimuler la croissance » établit à 8,1% fin 2017. La première tranche a permis de lever 850 millions d’euros sur 12 ans au taux de 5,25%. La seconde, elle, a porté également sur 850 millions d’euros pour une maturité de 30 ans au taux de 6,625%.
Il reste à l’Etat ivoirien à combler son budget 2018 (6 723,5 milliards FCFA, soit 10,24 milliards d’euros) avec un ultime emprunt de 195 milliards FCFA (297,3 millions d’euros) qui devrait être mobilisé « sans difficulté » sur le marché régional de l’UEMOA.