En marge de la célébration de la journée mondiale de l’eau, jeudi 22 mars, le directeur général de la Sénégalaise des Eaux (SDE), Abdoul BAAL s’est entretenu avec Financial AfriK.
La SDE a annoncé un taux de couverture de 98% en 2017, qu’est-ce qui explique cette performance ?
Exactement, la journée mondiale de l’eau est une occasion pour faire le bilan de nos activités. Notre objectif est que tout le monde ait accès à l’eau. La SDE existe depuis 22 ans maintenant. A l’époque, quant -on a démarré en 1996, le taux d’accès n’était que de 80%. Aujourd’hui, il est de 98%. Cela veut dire qu’en milieu urbain, quasiment toute la population a accès au service de l’eau via le réseau de distribution de la SDE.
C’est dire que le partenariat que nous avons avec l’Etat du Sénégal et la SOCIETE NATIONALE DES EAUX DU SENEGAL (SONES) a permis de réaliser beaucoup d’ouvrages de production et de distribution d’eau et de réaliser plus de 300 000 branchements dont la plupart gratuits parce que financés par la SONES et réalisés par la SDE .Ces actions ont pu faire en sorte que nous sommes passé de 200 000 à 700 000 clients branchés aujourd’hui , en 22 ans .
Et tous ont eu accès à l’eau à travers ces branchements rendus possible par une relation équilibrée entre la SDE, la SONES et l’Etat du Sénégal.
Comment peut-on présenter un taux d’accès de 98% à l’eau d’une part et , d’autre part , continuer d’avoir des coupures régulières à Dakar et dans les régions ?
Les coupures d’eau régulières sont à relativiser. Aujourd’hui, nous avons des besoins en eau assez élevées .La couverture effectivement n’est pas de 100%. Plusieurs projets sont en cours pour y remédier .La SONES a déjà obtenu les financements pour l’usine de Keur Momar Sarr 3 et l’usine de dessalement de l’eau de mer pour couvrir les besoins en eau jusqu’à 2035.Mais déjà , entre maintenant et 2021 , nous SDE , parce que nous bénéficions de la confiance de l’Etat et de la SONES , nous allons réaliser un certain nombre de forages pour combler le déficit dont vous parlez.
Donc il y un déficit entre l’offre et la demande ?
Aujourd’hui, clairement oui. Nous gérons cela , nous SDE et l’Etat du Sénégal et allons vers ces ouvrages pour combler ce déficit collé à la demande , en attendant la réalisation des ouvrages structurants , prévus à partir de l’année 2021.
Est-ce qu’il n’y pas de retard au niveau de la réalisation de ces ouvrages, vu les urgences ?
Comme je l’ai dit tout à l’heure, la SONES a en charge la réalisation de ces ouvrages. Nous allons au niveau du marché internationale pour bénéficier de prêts .Et le remboursement peut se faire parce que la gestion commerciale de la SDE le permet. Effectivement, il y a eu un léger retard dans la planification de la réalisation de ces ouvrages mais c’est en train d’être résorbé de fort belle manière à travers ce partenariat qui inclue la SDE.
Peut-on faire la différence sur ce plan entre les missions de la SONES et de la SDE ?
Pour clarifier les choses : il y a trois acteurs majeurs, l’Etat du Sénégal, la société publique, SONES et l’opérateur privé, SDE. Ce dernier a en charge la distribution de l’eau. Les responsabilités, en résumé, sont les suivantes : l’Etat définit la politique, indique la tarification, la SONES réalise les ouvrages de production (usines et forages..) et les met à la disposition , via un contrat d’affermage , à la SDE pour l’exploitation , l’entretien , la maintenance , la facturation , la commercialisation et le versement de la redevance à la SONES. Donc les rôles sont assez précis.
Et c’est ce qui permet ce cadre sain à l’origine de nos progrès sanctionné par le chiffre que je vous ai indiqué. Donc ce schéma a permis à la SDE d’atteindre une certaine performance reconnue à travers le monde. Ces performances portent sur le taux d’accès, le rendement de réseau, le recouvrement, le nombre de clients et la qualité de l’eau.
Cela a permis n à la SDE, sur la foi d’une attestation de la Banque Mondiale, d’avoir la gestion de Dakar en bon exemple en termes d’accès à eau en Afrique subsaharienne .Ce succès a permis à la SDE d’exporter ses talents , en République démocratique du Congo (RDC) et à la Mecque . Mais tout cela, encadré bien entendu par le ministère de l’hydraulique avec ce partenariat dont j’ai parlé.
Vous avez évoqué la RDC, c’est pour faire référence au groupe panafricain, Eranove, qui travaille avec la SDE ?
Je veux dire, nous SDE, nous nous appuyons sur Eranove, groupe industriel panafricain, qui a déployé ses moyens au niveau de la Côte d’ivoire et qui développe des projets partout en Afrique .Et en particulier nous somme un groupement avec Eranove en RDC. C’est normal, c’est notre actionnaire majoritaire et nous nous appuyons sur ce groupe.
Quelle est la part du Sénégal dans l’actionnariat de la SDE ?
Le groupe majoritaire est Eranove, on l’a dit tout à l’heure, avec 42%, le privé sénégalais pèse 32%, l’Etat du Sénégal, 5 % et les salariés de la SDE ,5%.
D’ici 2040, l’OMS parle de manque d’eau dans le monde, quelle est la stratégie à adopter par la SDE ?
D’abord je voudrais rappeler que le Sénégal a atteint les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en termes d’accès à l’eau. C’est le seul pays subsaharien (avec l’Afrique du Sud) à l’avoir fait. Et donc, nous sommes également en tête de ligne pour atteindre les Objectifs du développement durable (ODD). Et tous les projets dont j’ai parlé tout à l’heure qu’on peut voir ici à Dakar, Thiès, Kaolack , Saint- Louis , partout au Sénégal , des zones urbaines et même rurales , on aurait pu en parler.
Sur la crainte du manque d’eau au Sénégal, quelle est la stratégie mise en place ?
Nous savons que toujours en période chaude, il y a quelques difficultés et tensions sur la distribution d’eau. Donc nous travaillons pour les atténuer .D’abord informer la clientèle de ce qu’il faut faire, pour adopter des gestes d’économie d’eau. Nous ferons face, en mettant en place des solutions en termes de maintenance réseau, de mobilisation de citernes, pour atténuer l’impact du manque d’eau.
Quand est-il de la politique de la SDE concernant la RSE ?
Je disais tout à l’heure que la SDE est une entreprise certifiée en qualité, sécurité et environnement. Et en RSE, nous avons été évalués « entreprise exemplaire ». D’abord nous faisons bien le distinguo entre RSE et mécénat .C’est une véritable politique et un acte de management que nous menons au niveau de la SDE. Nous faisons en sorte que la RSE soit perçue comme un acte de management.
Ce qui est fait d’abord, c’est rappeler au personnel, les 7 critères de responsabilité sociétale des entreprises. RSE, cela veut dire qu’on est bien certain qu’on a assumé sa responsabilité vis -à vis des impacts générés par notre activité, nos décisions et sur l’environnement et la société.
Nous tenons compte des besoins des clients, des fournisseurs, d’autres parties prenantes qui sont les salariés, le personnel, l’environnement immédiat .Et le dernier critère qui est souvent vu, c’est le développement local.
Au niveau de nos points d’implantation de Keur Momar Sarr et de Ngnith, nous avons travaillé dans l’éducation en érigeant des écoles .Nous avons également travaillé dans la santé .Toutes les populations ont accès à nos centres de santé, bénéficient de soins de santé gratuit en termes de dépistage de VIH, du cancer du col de l’utérus. etc. C’est le cas à Dakar, à Ngnith et Keur Momar Sarr.
Et puis, dans notre cœur de métier, l’accès à l’eau, nous avons réalisé des bornes fontaines dans les quartiers défavorisés. Et récemment dans un centre qui n’est pas le nôtre, qui n’est pas dans le périmètre affilié de la SDE, vous en avez certainement entendu parler, c’est Médina Gounas, un important centre religieux, qui manquait d’eau.
Et nous nous souvenons que l’année dernière, il y a eu un incendie, qui a fait des victimes, la cause majeure était le manque d’eau. La SDE y a réalisé un forage, des bouches d’incendie et des bornes -fontaines. Aussi, cette année, il n’y a pas eu manque d’eau, ni accident. Nous nous en félicitons.
Voilà en gros ce que la SDE fait en termes de responsabilité sociétale dans ce pays.
Propos recueillies par Ibrahima Junior Dia