La sixième édition de la Africa CEO Forum a déposé ses valises cette année, ces 26 et 27 mars, à Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Durant 2 jours, 1 200 participants de 63 pays dont 43 africains, parmi lesquels une bonne part du gotha du monde des affaires du continent, vont débattre de nouvelles voies pour accélérer le développement du continent autour du thème : » Champions africains : l’heure de la transformation ».
Il est en effet temps pour le continent de changer de dimension. Après trois années de crise consécutives à la chute des matières premières, l’horizon semble plus favorable. En 2018, 6 des 10 économies ayant la plus forte croissance au niveau mondial seront africaines selon la Banque mondiale. Et les grandes entreprises africains qui ont émergé font preuve de résilience face aux différentes crises, mais il le chemin à parcourir pour compter dans l’économie mondiale reste long.
Selon une étude de McKinsey, cité par Amir Ben Yahmed, président de l’ACF, la grande entreprise africaine type a un revenu de seulement 2,7 milliards de dollars par an contre 4 à 4,5 milliards de dollars au Mexique ou au Brésil. En outre, les investissements directs étrangers en direction du continent stagnent à un niveau inférieur à celui de Singapour. Et, en 2017, 149 opérations de capital-investissement ont eu lieu sur le contient, 4 fois moins qu’en Inde.
Par ailleurs, si nombre de pays africains peuvent se féliciter de compter parmi les pays les plus réformateurs dans le cadre du Doing Business, le continent, dans son ensemble, ne devrait se classer qu’à la 141eme place et ce, depuis 2008, relevé Ben Yahmed.
Les priorités pour les Etats et le secteur privé
Pour Alassane Ouattara dont le pays accueille l’évènement, l’Afrique est effectivement une terre d’opportunités et a des atouts pour inspirer plus d’optimisme avec, par exemple, 60% des terres arables du monde ou encore sa démographie dynamique « qui est une chance ». D’ici 2050, le quart de la population mondiale viendra du continent africain avec la plus grande proportion de jeunes, note-t-il. Une population qui devrait générer 5 600 milliards de dollars d’opportunités d’affaires, a-t-il indiqué en citant une étude du Cabinet McKinsey.
Mais pour ce faire, les Etats doivent jouer un rôle important notamment, aller vers une plus grande diversification de leurs économies et l’amélioration du climat des affaires, travailler à réduire le gap en matière d’infrastructure, intégrer les économies africaines ou encore allouer des parts plus importantes au dépenses sociales, notamment dans la santé et l’éducation.
« En ce qui concerne le secteur privé africain, il devrait améliorer sa productivité et ses performances pour tirer le meilleur parti des opportunités en Afrique, mettre l’accent sur l’innovation technologique comme dans les autres économies émergentes notamment l’Asie et travailler avec les gouvernements pour trouver des solutions aux facteurs qui entravent sa capacité à produire et exporter des biens » suggère le président ivoirien.
Cette vision est partagée par Nana Akufo-Addo, le président ghanéen, qui a dit tout son optimisme pour le continent.
« Le Zimbabwe est désormais ouvert au business »
« Le Zimbabwe est désormais ouvert au business » a lancé du haut de la tribune d’ouverture le président zimbabwéen Emerson Mnangagwa. Le successeur de Robert Mugabe a adressé cet appel aux investisseurs avec l’engagement de « lever toutes les barrières à l’investissement », après le sombre épisode de la réforme agraire quil s’est soldé par le départ des investisseurs. Cela, avec la promesse d’organiser des élections « libres, justes et ouvertes » cette année à la faveur de cette qui devrait être la toute première transition démocratique du pays.
L’ACF ouvre au total à nouveau un cadre de rencontres, d’échanges et de réflexion visant à donner un coup de fouet à l’entreprise africaine, mais également aux États, afin de créer les meilleures conditions de ce changement tant attendu. Multinationales, Etats (le Bénin, le Ghana et le Zimbabwe sont les pays invités outre la Côte d’Ivoire) et institutions nationales et multilatérales vont se côtoyer durant ces deux jours et tenter de faire émerger de nouvelles recettes susceptibles de transformer l’optimisme ambiant en réalité concrète pour les économies africaines.