À Niamey, 23 manifestants anti loi de finances sont en mandat de dépôt suite à une manifestation organisée dimanche 25 mars 218. Il s’agissait de la 6 ème journée consécutive d’actions citoyennes contre cette loi de finances 2018, déjà entrée en vigueur. Les manifestants ont bravé l’interdiction de rassemblement édictée par Moctar Mamoudou, le président de la délégation spéciale de la ville de Niamey, invoquant des raisons sécuritaires.
Les manifestations contre la loi de Finance ont commencé depuis octobre dernier dénonçant entre autres des incitations fiscales «d’une vingtaine de milliards de francs CFA » aux compagnies de téléphonie et, d’autre part une augmentation de la pression fiscale sur les couches vulnérables et le monde rural.
Ce dont se défend le ministre des Finances, Hassoumi Massaoudou, qui affirmait, fin février, que la mouture ne contient « pratiquement aucune mesure » affectant les couches populaires, notamment les campagnes où vivent 80% des 20 millions de Nigériens.
«Toutes ces mesures concernent les villes. Cela concerne un secteur qui n’était pratiquement pas fiscalisé et qui fait 59 % du PIB, et qui concerne des marchés, tous ces marchés que vous voyez, Katako, etc. Toute cette activité-là n’était pas du tout fiscalisée. Est-ce que cela est normal ? », déclarait le ministre pour qui les nigériens doivent apprendre à se prendre en charge : «Nous ne pouvons pas continuer à ne compter que sur l’appui budgétaire, sur l’aide budgétaire. Ce n’est pas possible. »
Ne voulant concéder aucun compromis, l’argentier avait ajouté que
ceux qui aujourd’hui sont dans la rue considèrent que payer l’impôt est illégitime. » pour le ministre, «nous devons arrêter de quémander».
Au delà de ses soubassements politiques, les manifestations de Niamey posent la question de la légitimité ou non du prélèvement des impôts dans un contexte où le secteur informel frôle les 60% du PIB.
Dans son bras de fer contre la société civile, le ministre peut compter sur le soutient du représentant de l’Union européenne, Raul Mateus Paula, qui encourage le gouvernement nigérien « dans la voie des réformes » et du puissant ministre de l’intérieur, Mohamed Bazoum, qui explique la source des réformes par l’application des directives de l’UEMOA datant de 1999.
Quant au président Mahamadou Issoufou, il prolonge son round d’observation, évitant de jouer les premiers rôles dans un débat tout aussi politique qu’économique. Mais pour combien de temps encore ?