Solidement notée AA, AGF est sur le point de signer une nouvelle acquisition, cette fois-ci en Afrique Australe, qui viendrait s’ajouter à la reprise de GARI et, in fine, former un fonds de garantie résolument panafricain. Dans cet entretien exclusif, le CEO, Félix Bikpo, revient sur les enjeux et les perspectives.
L’African Guarantee Fund (AGF) a récemment été noté «AA-», soit plusieurs crans au-dessus du plancher de l’investissement grade. Qu’est ce qui explique cette qualité de signature actée par Fitch Ratings ?
La notation reflète une appréciation globale de la vision, de la stratégie mise en place, du modèle économique, des ressources humaines et la solidité financière. C’est l’évaluation de tous ces paramètres qui a abouti à une telle notation, la plus forte notation d’une institution financière, après celle du AAA de la BAD. Nous sommes l’un des fonds de garantie les mieux notés dans le monde. Nous en sommes d’autant plus fiers que nous intervenons sur le segment des PME, perçu comme l’un des plus risqués. Qui plus est, nous sommes un fonds de garantie évoluant dans un continent considéré à risques. Nous sommes très heureux de voir de jeunes africains utiliser leurs aptitudes intellectuelles et leurs différences culturelles pour créer de la valeur.
Comment se présente votre portefeuille et votre structure financière ?
A date, nous avons pu émettre près de 700 millions de dollars de garantie qui ont permis de mettre un peu plus d’un milliard de dollars de financement à la disposition des PME. Nous sommes arrivés à ce résultat en un peu plus de quatre ans d’activité, à travers plus d’une centaine d’institutions financières d’une quarantaine de pays en Afrique. Cela traduit l’immense besoin des PME en termes de financement. Les institutions de garantie comme la nôtre ont un rôle clé à jouer pour permettre à ces petites entreprises d’accéder au financement. Nos partenaires financiers sont convaincus de la justesse de notre stratégie.
AGF avait repris le fonds GARI il y a deux ans. Quelle est la nouvelle configuration de l’ensemble du groupe ?
Le fonds GARI va s’appeler AGF West Africa. C’est le cas déjà. L’acquisition de ce fonds était dictée par la volonté de nous rapprocher de notre clientèle de l’Afrique de l’Ouest. Notre métier exige la proximité et le contact au quotidien avec le partenaire pour identifier le risque, anticiper et trouver une solution. Nous allons redonner les moyens à GARI, mettre à niveau sa gouvernance, le doter d’un siège à Lomé (en cours de construction) et de l’expertise nécessaire pour répondre à la demande. Après cette opération réussie avec brio en Afrique de l’Ouest, nous sommes sur une piste pour une acquisition en Afrique Australe. Notre portefeuille dans cette région a atteint le seuil critique justifiant une présence locale forte.
Il ne vous restera plus alors que l’Afrique du Nord pour compléter la couverture du continent ?
C’est un marché assez particulier. Nous nous sommes rendus dernièrement à la rencontre des autorités et opérateurs du Maroc, de l’Egypte et de la Tunisie. Il y a des aspects réglementaires à surmonter. Je peux vous dire que nous avons reçu un accueil chaleureux de la part des différentes autorités.
La question classique que l’on pose à toute institution qui vient de se faire bien noter : allez-vous lever des fonds ?
En effet, nous comptons mobiliser 420 millions de dollars sur les deux prochaines années dont 130 millions sur 2018. Nous sommes très avancés sur les due diligence. Le premier closing interviendra probablement en novembre prochain.
Il y aura donc de nouveaux entrants dans le capital ?
En effet, mais je ne peux pas donner de noms. Nous avons trois classes d’actions. Celles qui portent la perte immédiate, les actions de mezzanine et les actions dédiées aux entreprises et fonds de pension.
Comment la signature de la Zone de libre-échange continental (ZLECA) peut-elle impacter vos activités ?
Vous savez, les premiers obstacles au business c’est l’accès au marché qui vient bien avant le financement. Ce qui vient de se passer à Kigali, le 21 mars 2018, ouvre une perspective sur l’élimination des barrières aux échanges. Les PME africaines ont l’opportunité d’agrandir leurs marchés et de bénéficier des leviers démographiques qui ont permis aux PME chinoises et indiennes de performer.
A propos
Felix Bikpo est le Directeur Général d’African Guarantee Fund (basé à Nairobi) et président du Fonds Gari (Lomé). De nationalité ivoirienne, il est diplômé de l’Ecole d’économie et de commerce (ESSEC) à Paris et également titulaire d’une maîtrise en économie de lUniversité Nationale de Côte d
Ivoire. A son actif, 26 ans d’expériences dans la banque et les services financiers.
Durant sa carrière, Felix a été le PDG d`Access Pan Afrique (la société holding du groupe bancaire Accesss Bank Nigeria), Directeur Général du groupe financier Atlantic Financial Group, Directeur général d’Ecobank Niger, Directeur Exécutif d’ETI (groupe Ecobank) et Vice-Président chez Citibank en charge du contrôle financier pour les pays francophones.
Felix a été le premier Directeur Général du fonds de Garantie des Investissements Privés en Afrique de l’Ouest (Fonds Gari), une initiative de l’agence française de développement (AFD), L’agence Allemande de développement (DEG), la banque Européenne d’investissement, (BEI), la banque ouest africaine de développement (BOAD) avec 23 banques commerciales.