Non, ce n’est pas encore joué. L’attribution de la Coupe du Monde 2026 ne se règlera pas sur tapis vert, loin des regards indiscrets par un comité exécutif FIFA qui, du temps du suisse Joseph « Sepp » Blatter, décidait de la vie ou de la mort.
Les règles ont changé. Et, avec la chute du monument du football business, une nouvelle équipe a pris le relais. Une nouvelle équipe conduite par l’italien Gianni Infantino, ancien président de l’UEFFA, la fédération européenne de Football, noyau dur, s’il en est un, de la FIFA.
Cette nouvelle équipe devra arbitrer entre les candidatures du Maroc et de l’ensemble USA,Mexique, Canada pour la coupe du monde 2026. Le choix se fera le 13 juin à Moscou. Ce n’est pas chose aisée. La triple candidature nord-américaine est en fait du marketing, vu que 66 des 86 matchs se dérouleront chez l’Oncle Sam. Déjà organisatrice de l’édition 1994, les USA se cachent derrière un trio en concédant au Mexique et au Canada l’honneur d’abriter 20 matchs.
Responsable de la chute du Blatter grâce à une série d’auditions et d’enquêtes qui ont touché l’ensemble des décideurs de la FIFA mais aussi des instances annexes, les USA se présentaient en favori au tout début du processus. Au départ, il s’agissait d’une simple attribution puisqu’aucun autre candidat n’était déclaré à l’horizon. Mais en août 2017, coup de théâtre : le Maroc présente sa candidature au nom d’un continent africain qui a eu l’honneur d’abriter la compétition reine une seule fois, en 2010, mais devra, à priori, patienter jusqu’en 2037 pour présenter une nouvelle candidature.
Car pour 2030, le tournoi reviendra à l’Uruguay, première nation championne du monde, dans une sorte d’anniversaire des 100 ans de la coupe du monde. La Chine abritera ensuite le championnat en 2033.
En clair, si le Maroc échoue, le continent devra attendre 20 ans pour caresser le rêve rond. Le royaume chérifien qui se présente pour la quatrième fois a cette fois-ci un dossier bétonné, loin des maquettes des précédentes candidatures. Cinq des 12 stades devant abriter le tournoi sont fin prêts. En plus des infrastructures, le Maroc compte sur un président de la Fédération,Fouzi Lekjaa, qui a révolutionné le football au niveau national et, au niveau continental, réussi à remplacer le camerounais Issa Hayatou par le malgache Ahmed Ahmed, porteur du projet de renouveau de la Confédération africaine du football (CAF).
Cadre des ministères des Finances, Fouzi Lekjaa a entrepris la réforme du football marocain par le nerf de la guerre sans lequel aucune transformation n’est possible. C’est ainsi que deux cadres ont été détachés auprès de chaque club pour la formation des jeunes et l’encadrement. Des pelouses de 8 millions de dirhams (800 000 euros) ont été affectés aux stades.
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Mais la véritable chance du Maroc réside dans les modalités d’attribution de le Coupe du Monde. Exit donc le comité exécutif à la Blatter. En lieu et place, ce sont les pays qui votent. Dans le cas d’espèce, il y aura 211 votants. Le Maroc fera le plein de réservoirs avec la Confédération africaine de football (la CAF) où, sur les 53 pays africains, 49, y compris l’Algérie, le Nigeria, l’Egypte et l’Afrique du Sud, lui ont déjà donné un accord de vote. Dans le monde arabe, le royaume a glané 16 soutiens de première intention. Reste l’Europe, la grande Europe, qui, dit-elle, votera selon ses intérêts adossés certainement sur les des droits de rediffusion et, par ricochet, sur le fuseau horaire. Outre la France dont le président de la Fédération de football, Noël Le Gret, s’est déjà prononcé en faveur du Maroc, 11 pays du vieux continent ont apporté le soutien au royaume.
Une telle vague d’adhésion a surpris le président Infantino, que beaucoup d’observateurs trouvent favorable aux USA. C’est ce qui expliquerait aux yeux des marocains la mise en place d’une mystérieuse task force et la tentative de changer le système de désignation. Rappelons que le système de notation a en effet été transmis par la FIFA au Maroc le 14 mars, soit moins de vingt-quatre heures avant le dépôt de sa candidature et quarante-huit heures avant la date butoir de la remise des dossiers. En plus de ces règles conçues à la hâte, la FIFA a donc mis en branle la fameuse task force qui, à défaut de pouvoir voter, pourrait invalider une candidature.
A peine constituée, cette task force est envoyée au Maroc, pour dit-elle, inspecter de près les différents éléments du dossier. Là aussi coup de théâtre, la task force est surprise par l’état des routes, des stades, des aéroports, des réseaux de télécommunication et, ce qui n’est pas le cas aux USA et au Canada, la ferveur populaire autour du football, lointain cousin du Soccer.
N’empêche, la task force sort l’argument massue, la démographie. Les villes devant abriter les matchs doivent compter plus de 250 000 habitants et tutti quanti.
Heureusement, que de grandes nations du Football ont tenu à mettre un holà aux manœuvres suspectes de la FIFA. L’Allemagne a exigé le vote. Et soudain, ce qui paraissait balisé et facile devient dangereux et incertain pour la candidature américaine. Le fameux tweet de Donald Trump trahit une certaine exaspération. Heureusement que le football reste un sport qui n’a rien à voir avec la force.
2 commentaires
cher ami, pour votre information ) Mr Gianni Infantino n’a jamais été président de l’UEFFA mais secrétaire général de l’UEFA. Cordialement, Marc
Bien noté. Merci pour la rectification