La Conférence des ministres de la CEA a été félicitée pour avoir abordé de « vraies » questions concernant le continent. L’AfCFTA était au cœur des débats. Son succès repose désormais sur une approche commune et concertée permettant de faciliter le commerce. Les ministres ont également mis l’accent sur le rôle central que pouvait jouer le secteur privé pour mettre en œuvre le projet de l’AfCFTA.
Addis-Abeba, le 15 mai 2018 : Les ministres des Finances et les décideurs politiques du continent ont réaffirmé leur engagement vis-à-vis de la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) lors de la clôture de la conférence de haut niveau saluée pour avoir discuté de « vraies » questions concernant le continent. Lors de l’événement, organisé par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) de l’ONU à Addis Abeba (Éthiopie), les intervenants ont exhorté les gouvernements à mettre en place les politiques et investissements nécessaires pour tirer parti des avantages économiques liés à la zone de libre-échange.
Une déclaration ministérielle de la 51e séance du Conseil des ministres a reconnu le potentiel que représentait l’AfCTA pour faire progresser l’industrialisation, la diversification économique et le développement, afin de promouvoir la prospérité pour l’ensemble du continent. Toutefois, elle a également reconnu les défis à relever, en particulier les inquiétudes autour des répercussions sur les recettes fiscales liées à la mise en place d’un marché continental unique, précisant : « Les effets à court terme devraient être minimes et seront compensés à moyen et long terme par les effets positifs des recettes issues d’autres sources impôts ». Ces nouvelles sources proviendraient de la croissance économique et de la diversification générée grâce à la zone de libre-échange regroupant 1,2 milliard de consommateurs.
Lors de la clôture de la conférence, les intervenants ont également souligné la nécessité de faire progresser les mesures de facilitation du commerce. Cela comprend les régimes de commerce simplifiés pour les commerçants transfrontaliers informels et la modernisation des infrastructures continentales pour aider les entreprises souhaitant pénétrer sur de nouveaux marchés. Le secteur privé doit jouer un rôle central dans la réalisation de ce projet afin de bâtir un continent plus autonome et plus inclusif. Il est également essentiel que les entreprises s’associent aux gouvernements pour développer des solutions de financement novatrices afin de relever les défis en matière de santé, éducation, infrastructures et environnement qui pourraient empêcher le continent de profiter du plan économique audacieux.
Cette déclaration est venue après quatre jours de dialogue et d’échanges sur le thème ‘La Zone de libre-échange continentale africaine : Créer un espace fiscal pour les emplois et la diversification économique’ au cours desquels ont été abordées des questions essentielles pour le continent, notamment le rôle de l’agriculture dans la croissance économique, le financement des infrastructures, la lutte contre les flux financiers illicites et l’élaboration d’une stratégie intégrée pour le Sahel.
Les participants ont jugé le thème de la conférence très pertinent et ont félicité les organisateurs d’avoir insisté sur des enjeux « réellement » africains. Dr. Robert Nantchouang, expert dans la gestion des connaissances à la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique, a affirmé que la conférence avait su mettre l’accent sur les questions pressantes liées au programme d’intégration économique. « C’était le bon moment pour que les pays africains se réunissent afin de discuter d’une question les concernant tous. Personne n’a été laissé pour compte dans cette discussion », a-t-il assuré.
Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, a réaffirmé l’engagement de son organisation à accompagner les gouvernements dans le renforcement de l’intégration économique par le biais de l’organisation de réunions, de réflexions et d’initiatives. La conférence a reconnu le rôle prédominant du renforcement des capacités humaines et institutionnelles qui permettrait à l’AfCFTA de répondre aux besoins du continent en matière de développement. « L’Afrique attend. Nous avons de nombreux défis à relever mais nous sommes sur la bonne voie pour les résoudre grâce à l’AfCFTA », a-t-elle conclu.
La conférence fait partie d’une série de consultations sur l’accord historique signé par 44 Présidents et chefs de gouvernement à Kigali (Rwanda) en mars 2018. Les pays devront à présent ratifier et mettre en œuvre les instruments juridiques de l’accord qui permettront de créer la zone de libre-échange représentant un PIB total de plus de 3 000 milliards $, ainsi que 300 000 emplois directs et 2 millions d’emplois indirects, selon l’Union africaine.