La filière de la noix de cajou ivoirienne est dans la tourmente. Des centaines de camions chargés de noix font la queue depuis des semaines devant les entrepôts des exportateurs dans la zone port d’Abidjan, faute de pouvoir trouver preneurs.
Les raisons de ce blocage sont, d’une part, la qualité des noix jugée mauvaise et de petites tailles et, d’autres parts, le prix officiel d’achat considéré trop élevé au regard de l’évolution du marché international.
Les exportateurs, en majorité des opérateurs indiens et vietnamiens, refusent en effet les noix de moins de 46 grammes, bradés alors à vil prix, indiquent des sources citées par l’agence AIP, alors que l’arrivée de la saison pluvieuse rend le séchage et donc la qualité des noix plus problématiques.
Une situation qui n’est pas sans conséquence sur l’ensemble de la filière. Depuis quelques semaines déjà, le confrère relaie des informations sur la chute des prix d’achats aux paysans dans les zones de production à l’intérieur du pays. Ces prix oscillent actuellement entre 200 et 400 francs CFA le kilogramme selon les zones, alors que le prix minimum officiel est de 500 FCFA.
Ce contexte de mévente vient rappeler les crises d’exportation qu’avaient connu les secteurs du cacao et plus récemment du café, sous l’effet de la volatilité des cours sur le marché international. Et les finances publiques ivoiriennes pourraient bien pâtir de cette situation.
La noix de cajou est en effet aujourd’hui un secteur stratégique pour la Côte d’Ivoire : avec une production de 771 000 tonnes en 2017, soit 23% de l’offre mondiale, elle est le troisième produit d’exportation du pays selon la Banque mondiale.
Le mois dernier, le pays a obtenu un financement de 200 millions de dollars de l’institution afin notamment de booster la transformation locale qui représente moins de 6% de sa production, un niveau que les autorités comptent faire passer à 50% d’ici 2020.