Pas une zone franche mais plutôt une zone financière selon la nomenclature et la définition Internationales
Casablanca Finance City avance bien dans sa vocation continentale. Depuis 2012, environ 75% des investissements du Maroc vers l’Afrique passent par cette structure. A la fin mars, la place spéciale aménagée en plein coeur de Casablanca pour accompagner les investisseurs marocains et internationaux vers l’Afrique comptait 150 entreprises implantées couvrant 46 pays du continent.
« Ce sont là toutes des entreprises qui couvrent l’Afrique et y investissent à partir de Casablanca », précise Manal Bernoussi, Directrice Stratégie, Marketing et Communication de Casablanca Finance City dans un entretien accordé à Financial Afrik fin mars à Abidjan, en marge de l’Africa CEO Forum.
A noter que 70% des entreprises labellisées CFC sont internationales et 30% marocaines. « Toutes ont une vocation africaine. Car, pour obtenir le label CFC, il faut au préalable déposer une demande auprès d’une commission. Parmi les conditions décisives, l’entreprise candidate doit réaliser une part substantielle de son business plan en Afrique dans les cinq prochaines années », précise Manal Bernoussi.
Les entreprises ainsi agréées bénéficient d’un certain nombre d’avantages, y compris fiscaux. Mais pour autant, Casablanca Finance City ne se définit pas comme une zone franche mais plutôt une zone financière selon la nomenclature et la définition Internationales. « Tout comme la City de Londres, CFC permet de réaliser de l’activité onshore et offshore. Ce n’est pas le cas par exemple de Dubaï Free Zone tournée exclusivement vers les activités offshore. CFC est vraiment une communauté d’affaires tournée vers l’Afrique » répond Manal Bernoussi à Financial Afrik.
Est-ce à dire que le modèle CFC est en concurrence avec Maurice? Ce n’est pas ce qu’en pense la directrice marketing, qui parle plutôt de complémentarité. « Pour nous, il n’y a pas de concurrence en Afrique. Il y a des partenariats. Nous avons besoin d’union et de complémentarité » dans un continent où, après tout, il y a très peu de places dédiées à l’investissement comparé à l’Europe. « Comme le montre le dernier classement international en la matière, CFC est leader aux côtés d’autres places comme Johannesburg et Maurice. A mon avis, il y a très peu de places financières en Afrique ».
Bien évidemment, la signature récente de la Zone de libre échange continental (ZLECA) a un impact positif sur CFC et les échanges inter-africains en général.
« De mon point de vue personnel, je pense que ces initiatives d’intégration sont bénéfiques en général. Au regard des investisseurs internationaux, chaque pays africain pris à part est trop petit sur l’échiquier international. Une zone intégrée représenterait un grand bon en avant. Pour les investisseurs mondiaux habitués aux marchés asiatiques ou américains, un ticket d’entrée au Maroc ou au Nigeria est trop petit. La ZLECA apporte de la taille critique. Toutes les initiatives permettant d’harmoniser les différentes règlementations africaines et de présenter un front uni à l’international sont forcément bénéfiques. »
Le package CFC en bref
Concrètement, le statut Casablanca Finance City offre un accompagnement Doing Business. Les membres de CFC peuvent créer leur entreprise en moins de 48 heures, bénéficier du contrat étranger qui leur permet de recruter à l’étranger sans restriction, ainsi qu’un certain nombre de facilités administratives et le droit de rapatrier leurs capitaux investis et les dividendes.
En outre, CFC offre l’accès à une expertise africaine grâce à 14 accords de partenariat signés avec des agences nationale de promotion des investissements comme le The Nigerian Export Promotion Council (NEPC) ou le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI).
L’objectif, répond Manal Bernoussi, est de signer des échanges d’informations et des données. « Nous produisons régulièrement des fiches pays avec de l’actualité. La valeur ajoutée de CFC est aussi de permettre de promouvoir l’Afrique au niveau global en mettant les investisseurs en contact avec les personnes clés dans les pays destinataires de leurs investissements ».