La finance technologique représente plus de 50% des 270 offres de mobile banking commercialisées dans le monde, 134 millions de comptes actifs répertoriés en 2017, dont plus de 84 millions en Afrique subsaharienne. Le continent africain connait depuis 2010 un bouleversement de son écosystème financier. Aussi bien les banques que les fintech et autres opérateurs de mobile banking rivalisent de savoir-faire technologique pour gagner des parts dans le vaste marché de la finance digitale sur le continent.
Défini comme le fait de développer des services financiers à l’aide de moyens de transaction électronique, notamment grâce aux services financiers mobiles, permettant des transactions via téléphone mobile, la finance digitale est très dynamique sur le continent même si, par ailleurs, elle est encore loin du dynamisme des marchés de l’Est. A l’instar des pays dits développés, le digital s’impose sur le continent comme un précieux domaine de création de valeur ajoutée. L’Afrique présente donc des atouts dans un contexte, plus que favorable, marqué par un taux de bancarisation souvent faible et très variable selon les pays, par exemple un faible taux de 1,5 % noté au Niger. La Côte d’Ivoire se défend avec un taux honorable de 25 %, loin cependant des 80% de bancarisation affichés par Maurice.
Sur le continent, on estime que 80 % d’adultes (sur un total de 330 millions) n’ont pas accès aux services bancaires classiques. En moyenne, seule une famille africaine sur cinq détient un compte courant dans une institution bancaire. Dans ce contexte, bon nombre de personnes n’ont pas accès aux services bancaires dits traditionnels.
Parallèlement, la téléphonie continue de faire des émules sur le continent avec un marché plus que dynamique et en perpétuelle mutation. Si l’on en croit l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA), avec un taux de pénétration du mobile de 43%, l’Afrique subsaharienne demeure le marché mobile le plus dynamique du monde avec son parc d’abonnés toujours croissant. Fin 2016, la région enregistrait 420 millions d’abonnés. Pour ces professionnels, d’ici 2020, la zone enregistrera plus d’1/2 milliard d’abonnés uniques au mobile.
On comprend dès lors le potentiel du continent en matière de mobile money : plus de la moitié des comptes de paiement sur mobile dans le monde se trouvent en Afrique, surtout que l’usage d’internet s’est considérablement accru. Selon le rapport Global Digital 2018, le continent enregistre un taux de pénétration de 82% pour 1,040 milliard de connexions mobiles comptabilisées sur le continent en 2017, pour une progression annuelle de 4%, soit 45 millions de nouveaux utilisateurs du mobile.
Le faible taux de bancarisation ainsi noté et le fort taux de pénétration de téléphonie mobile poussent les acteurs du secteur du continent à développer des services financiers parallèles afin de répondre favorablement à la très forte demande. Ainsi, par exemple, pour le cas particulier de la Côte d’Ivoire, pays d’Afrique de l’ouest, la finance digitale est devenue un levier de l’inclusion financière. Actuellement, c’est près de 42 827 points de mobile money qui sont installés sur tout le territoire et plus de 12 845 970 comptes mobile money. En milieu rural, le niveau d’adoption du mobile money est de 26%, légèrement en hausse par rapport à celui des zones urbaines qui affiche 22%.
Sur cette partie ouest du continent, dans son rapport annuel sur les services financiers via la téléphonie mobile – 2016 publié en 2017, la BCEAO fait état de 36,5 millions de souscripteurs de comptes de porte-monnaie électronique dans l’Union et environ. En sus, environ 2 millions d’opérations ont été traités en moyenne par jour, avec une valeur de ces transactions estimée à 11, 500 milliards de francs CFA.
Transformation numérique des banques
Pour les spécialistes, la bonne santé du marché du eBanking sur le continent présente plus de profit pour les opérateurs télécoms qui semblent imposer leurs produits (e-paiement, transfert d’argent en ligne, règlement de factures en ligne, inscription en ligne) aux banquiers. Or pour les banques africaines, l’intégration de ce type d’offres au sein de leurs stratégies de développement des moyens de paiement est incontournable pour fidéliser les clients existants, en conquérir de nouveaux et ne pas se faire doubler sur leur créneau par d’autres entreprises non bancaires.
Conscientes de cela, ces dernières ont entamé leur transformation numérique. A titre d’exemple, depuis 2017, les banques ont plus tendance à fermer des agences pour accélérer leurs restructurations, à l’image de la banque panafricaine Ecobank qui, afin d’optimiser ses coûts et investir plus dans le digital pour pouvoir attirer plus de clients sur des plateformes numériques, a annoncé la fermeture graduelle de certaines de ses agences. Au Nigéria, la banque est passée de 479 agences à 405 avec son plan de réduction. Au même moment et surfant sur l’innovation, Ecobank a mis à jour sa plateforme digitale. En s’associant avec Visa et MasterCard, des modes de paiements électroniques financiers, la banque panafricaine envisage de faciliter la vie de ses clients et d’élargir sa clientèle en ciblant les acteurs non bancaires disposant d’un téléphone mobile. Avec son application, Ecobank Mobile, la banque a traité 9 millions de transactions, représentant un total de plus de 1 milliard de dollars depuis son lancement il y a seulement 18 mois et revendiquant cinq millions d’utilisateurs.
Au Kenya, pays africain par excellence témoin de cette innovation, la fièvre du numérique s’est ainsi emparée des groupes bancaires qui multiplient les investissements pour rattraper leur retard dans le domaine du paiement mobile et des services financiers en ligne. Ainsi, chacun des principaux établissements financiers, comme Barclays Bank of Kenya, Kenya Commercial Bank, Standard Chartered ou encore Equity Bank, a désormais sa propre application. Ainsi, Equitel (d’Equity Bank) compte aujourd’hui 4,5 millions de clients et détient 20 % de parts de marché, derrière M-Pesa (78 %).
Cette mue ne se limite pas seulement au lancement de services de transfert d’argent, mais prends aussi et surtout en charge l’ouverture de compte. C’est le cas de la Standard Chartered Bank qui a lancé le 14 mars 2018 à Abidjan (Côte d’Ivoire) sa première banque numérique en Afrique. Une innovation qui permet à partir d’un téléphone portable, d’ouvrir un compte et d’effectuer des opérations bancaires si l’on est connecté à internet.
Au Maroc, la digitalisation est prise très au sérieux. Toutes les banques du pays ou presque disposent de leur propre application bancaire mobile. D’ailleurs, BMCE Bank, Groupe Crédit Agricole du Maroc et Société Générale Maroc viennent d’être distinguées pour des réalisations encourageantes en matière de transformation digitale au sein de leurs organisations respectives. Autre cas, c’est en 2016, qu’Attijariwafa bank, a lancé sa banque mobile, l’bankalik qui offre la possibilité d’ouvrir un compte en ligne et de bénéficier d’une carte bancaire Mastercard internationale gratuitement.
Les autres acteurs du secteur
A l’image des banques, les institutions de microfinance s’essayent aussi à l’utilisation des technologies mobiles pour une meilleure proximité des services qu’ils offrent à leurs clients. Cette nouvelle approche explique par exemple l’utilisation de tablettes pour desservir les groupes d’épargne ou encore les partenariats entre institutions de microfinance et émetteurs de monnaie électronique pour digitaliser la collecte de l’épargne et le remboursement des crédits sur le mobile. C’est le cas de CAURIE-MF au Sénégal, ALIDE au Bénin, Advans Microfinance en Côte d’Ivoire… et de l’unique développement d’un réseau d’agents bancaires dans la région par Microcred Sénégal.
A l’image des banques et autres acteurs, les sociétés de transfert d’argent, véritables pionnières de cette transformation digitale sur le continent, ne sont pas en reste. Au Kenya, la start-up M-Pesa de l’opérateur télécom Safaricom, pionnier du paiement mobile en Afrique et leader incontesté dans le pays, s’est développée rapidement depuis 2007 et, en 2010, elle est devenue le service financier par téléphone portable ayant le mieux réussi dans les pays en développement. Actuellement, ils seraient plus de 210 millions d’utilisateurs actifs sur la plateforme de paiement en ligne. Selon Safaricom, la plateforme a permis de générer quelque 860 000 emplois et environ 1 milliard de dollars d’activité économique (925 millions d’euros) et a contribué à hauteur de 6,5 % au PIB du Kenya. Dans le même temps, le chiffre d’affaires du groupe n’a cessé de croître, porté notamment par M-Pesa, qui y contribue à 21 %. En 2016, les bénéfices nets de Safaricom ont atteint 347 millions d’euros.
Un commentaire
je suis tres content que la finance digitale connais essor remarquable en afrique que cette activités permet a l’afrique dévoluer et d’etre reveillé et aller vers l’évolution dans le domaine de l’education, la santé, la banque, le commerce ….etc .