Par Christophe Lefébure
La Banque Mondiale vient d’apporter son soutien financier au projet de « e-Agriculture » en Côte d’Ivoire. Le pays s’est en effet lancé dans un vaste programme de modernisation diversification de son agriculture, à grand renfort de nouvelles technologies.
Agriculture numérique… Si cela vous paraît contradictoire, vous devriez probablement vous intéresser de plus près aux évolutions de l’économie ivoirienne.
Le 31 mai dernier, la Banque mondiale a octroyé à la Côte d’Ivoire un crédit de 70 millions de dollars « pour améliorer la productivité, l’accès au marché et les revenus de 6,1 millions de petits exploitants agricoles grâce aux technologies de l’information et de la communication », selon les informations de l’agence Ecofin.
Né en 2013, le projet e-Agriculture a pour objectif la modernisation de l’agriculture ivoirienne grâce à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC). Il se propose en particulier d’améliorer la distribution des produits vivriers, la mise en place d’un système de surveillance des sols, d’un système d’information géographique et un portail internet du monde agricole.
Le prêt accordé par la Banque mondiale permettra d’augmenter le nombre de bénéficiaires du programme et ses retombées économiques. « Les petits exploitants agricoles ciblés par le projet représentent près d’un quart des 23,7 millions d’habitants que compte le pays. Ils ont le potentiel de booster la croissance du secteur agricole qui est l’un des piliers de l’économie ivoirienne, assurant 22 % du produit intérieur brut et plus de 75 % des exportations », ajoute Ecofin.
Améliorer la productivité et l’ouverture sur le marché
En Côte d’Ivoire, l’agriculture emploie environ la moitié de la population. Cependant, « ce secteur n’a eu que peu d’impact sur la hausse des revenus et la réduction de la pauvreté en milieu rural ces dernières décennies, car il est trop exposé aux aléas des cours internationaux », a déploré Pierre Laporte, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire.
D’où l’importance de garantir à tous les agriculteurs un meilleur accès aux services numériques et leur permettre ainsi d’améliorer leur productivité et leur ouverture sur le marché. Grâce au soutien de l’institution financière internationale, le projet e-Agriculture « permettra aux agriculteurs d’accéder rapidement à des informations clés pour leur activité, notamment les prix sur le marché des semences », a ajouté M. Laporte. Le projet aidera également les autorités ivoiriennes « à disposer de données pour mieux piloter leurs politiques et leurs stratégies en faveur de l’agriculture et du monde rural », selon la Banque mondiale.
Les expériences d’usage des TIC dans l’agriculture se sont multipliées ces dernières années en Côte d’Ivoire. Depuis 2012, des drones aident à surveiller les bananeraies et permettent de cartographier et traiter les plantes atteintes de cercosporiose.
Diversification et modernisation de l’économie
De son côté, le service m-Agri du groupe français Orange met à la disposition des agriculteurs des informations sur le prix des produits, les techniques culturales ou encore les tendances nationales et internationales sur les cours des marchés. Autre exemple récent : la société Palmafrique utilise le numérique pour la géolocalisation des plantes ou le règlement des primes et salaires du personnel des zones reculées.
De nouvelles expériences devraient voir le jour prochainement, le gouvernement ivoirien ayant lancé un ambitieux programme de diversification et modernisation de l’économie. La transformation locale des matières premières est en effet l’un des principaux objectifs du gouvernement.
Un objectif ambitieu mais réaliste, compte tenu des importants succès économiques affichés par le pays depuis 2012 et les prévisions des principales institutions et agences internationales. Lors de la deuxième édition de la conférence sur le risque pays Côte d’Ivoire, Stanislas Zézé, PDG de Bloomfield Investment Corporation, a souligné la bonne santé de la Côte d’Ivoire au niveau macro-économique, la solidité de son système financier et la forte volonté du gouvernement dans l’amélioration de l’environnement des affaires. L’agence a attribué la note de 6,1 sur 10 au pays, ce qui signifie que les perspectives sont stables à court terme et positives à long terme.
Christophe Lefébure, Consultant free lance en nouvelles technologies