Avec sa bourse de fret, le célèbre port Tanger Med fait de nouveau parler de lui après une croissance éloquente en 2017. Lancée en mars dernier, en partenariat avec la CGEM (la Confédération Générale des Entreprises du Maroc), elle est destinée principalement aux professionnels du transport et de la logistique. Son but, mettre en relation les acteurs qui utilisent Tanger Med, à savoir les expéditeurs et les transporteurs, renforcer la compétitivité logistique des exportateurs marocains et conforter l’attractivité de ses ports. « Tanger Med est une plateforme de choix pour les exportateurs marocains. Il permet de traiter le trafic roulier pour les exports de produits marocains dans les secteurs du textile, du cuir, de l’automobile, de l’aéronautique, de l’électronique, de l’horticulture et les produits frais »1, précise Rachid Houari, directeur Port Tanger Med 1. La zone franche de Tanger Med, la première de tout le continent africain, accueille en effet jusqu’à 800 entreprises en activité (dont Renault et Peugeot).
Si le port affiche une croissance continue depuis sa création en 2007, il a néanmoins dû entamer une modernisation de ses services pour maintenir l’avantage compétitif acquis. Le Maroc étant confronté à une augmentation significative et inquiétante du secteur informel, le service douanier du pays est également appelé à redoubler de vigilance.
Endiguer l’informel par le numérique, une nécessité pour la CGEM
Le Maroc fait face depuis quelques années à une hausse du secteur informel désastreuse pour son économie puisqu’il représente à lui-seul 20% du PIB national. Les secteurs les plus touchés sont, sans surprise, ceux du commerce, du bâtiment et des travaux publics ainsi que les industries agroalimentaires et textile. « L’économie informelle crée un manque à gagner pour l’État, impacte les entreprises marocaines, les consommateurs finaux et la qualité de l’emploi », d’après le patronat marocain, la CGEM.
Pour séduire et fidéliser les usagers, Tanger Med a décidé de dématérialiser une partie de ses procédures administratives avec un objectif zéro papier d’ici la fin de l’année 2018 (déclaration de douane en ligne avec validation électronique du cautionnement bancaire, paiement électronique, etc).
Cette démarche s’inscrit plus largement dans un processus de dématérialisation entamé par les acteurs étatiques soucieux de contenir ce secteur informel si néfaste.
Ainsi, l’ADII (Administration des douanes et des impôts indirects) est aussi de plus en plus active et rigoureuse pour contrecarrer toute forme de fraude commerciale. Cette dernière est d’ailleurs engagée dans une réforme moderne depuis 2017, censée durer jusqu’en 2021. Une action qui fait suite au déploiement de plusieurs innovations technologiques, de la BADR (« Base Automatisée de Douane en Réseau ») au système de marquage fiscal SAMID (pour « Système Automatisé de Marquage Intégré en Douane »), développé en collaboration avec l’entreprise suisse SICPA, qui est utilisé en temps réel et à distance et qui est plus que jamais d’actualité dans un contexte de recrudescence des faux et de fraudes. Il permet de disposer de l’assiette imposable au titre de la Taxe Intérieure de Consommation sur les boissons et les produits de tabacs manufacturés, importés ou obtenus sur place.
Derrière ces innovations en cascade, on retrouve un homme, Nabil Lakhdar qui connaît bien l’administration des douanes pour y avoir officié pendant 17 ans entre 1998 et 2015. Actuellement directeur général de l’ADII depuis novembre 2017, il est également à l’origine du système en ligne Badr. Nul doute qu’il saura apporter de nouvelles innovations au sein d’une stratégie qui vise une tolérance zéro à l’avenir et conforter la compétitivité stratégique des ports marocains.