L’Afrique du Sud et le Nigeria intègrent la ZLECA
A l’occasion de ce sommet de l’Union Africaine, qui se tient à Nouakchott jusqu’au 2 juillet, la Mauritanie a livré sur le fil le Centre International de Conférences ‘’Al Mourabitoune’’ doté de 5 000 places ainsi que 300 bureaux et d’espaces de pauses présidentielles pour la bagatelle de 14 milliards d’Ouguiyas soit 35 millions d’euros. L’ouvrage supervisé directement par le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a été réalisé par l’homme d’affaires Zeine Elabidine Ould Cheikh Ahmed, par ailleurs président du patronat. Réalisé en moins de 10 mois, cet ouvrage vient s’ajouter à l’aéroport Oum Tounsy, livré il y a deux ans par un opérateur local (Najah Works), confirmant ainsi la capacité du pays à conduire de grands chantiers d’infrastructures avec le financement et l’expertise locale.
Le point sur la Zone de libre échange continentale. Quatre autres pays (dont le Nigeria et l’Afrique du Sud) ont apposé leur signature au bas du texte instituant la ZLECA portant à 48 le nombre de pays signataires. L’adoption de ce texte est imminent mais butte encore sur quelques aspects techniques : règles d’origine, liste des produits sensibles, harmonisation (normes) des produits et services et, ce qui constitue le plus gros blocage, levée des restrictions sur la mobilité et le droit d’établissement. Le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, a appelé à la levée des restrictions sur les visas.
Les présents. Outre les présidents mauritanien et rwandais, qui président au sommet, il y a parmi les 23 chefs d’Etat présents à Nouakchott, Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud, Mangagwa du Zimbabwe (qui cherche le soutien pour la candidature de Dr Cosmas Zavazava, déjà soutenu par la SADC, poste de directeur du bureau de développement des télécommunications de l’UIT- élections en octobre prochain ) et Muhammadu Buhari du Nigeria, venu entériner l’adhésion de son pays à la ZLECA. Son voisin nigérien, Muhammadu Issoufou, très actif dans les side events en matière d’intégration, a mené un intense lobbying pour ramener la première économie de l’Afrique dans le processus d’intégration. L’Afrique du Sud a aussi entériné l’accord, donnant un point de bascule à la plus vaste zone de libre-échange dans le monde.Présent au sommet pour la première fois, le Sierra léonais, Julius Maada Bio, signait sa toute première participation à l’occasion de ce sommet.
Les grands absents. Quelque 23 chefs d’Etat prennent part au raout de Nouakchott. Annoncé depuis quelques semaines, le Roi Mohammed VI du Maroc est finalement représenté par Nasser Bourita, ministre des Affaires Étrangères. Ce sommet qui devait examiner un nouveau plan de règlement du contentieux sur le Sahara connaît aussi l’absence notable du président égyptien Abdel Fattah Sissi, qui avait de longue date, annoncé sa participation. L’effectif pléthorique de la délégation devant accompagner le Raïs constituait un paramètre décisif pour un sommet qui a réquisitionné 5000 chambres d’hôtels et de résidences meublées. L’Egypte est représenté au sommet de Nouakchott par Sameh Shoukry, son ministre des Affaires Étrangères.
Le tweet qui fait des vagues:
2/2: notre Union ne saurait pratiquer ici la politique du deux poids deux mesures: condamner les violations flagrantes des droits des #migrants africains ailleurs et pratiquer la politique de l’autruche lorsque des faits similaires ont lieu sur le continent. #AUSummit
— Moussa Faki Mahamat (@AUC_MoussaFaki) July 1, 2018
Le tweet courageux du tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine (CUA) ferait-il allusion à l’expulsion par l’Algérie de 13 00 migrants vers le désert ?
Le triomphe du Rwanda. Président de l’Union Africaine, Paul Kagamé, certainement le chef d’Etat étranger, le plus adulé par les mauritaniens, a atteint l’un de ses objectifs majeurs: faire entériner la candidature de Louise Mushikiwabo, ministre rwandais des Affaires étrangères par le conseil exécutif de l’Union Africaine au poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Une première qui disqualifie clairement la canadienne Michaëlle Jean, actuelle SG de l’OIF.
La question du terrorisme s’est invitée au sommet. Le thème principal portant sur la lutte contre la corruption et ses annexes relatifs à l’égalité home-Femmes (en partenariat avec l’Union Européenne) ont été bousculés par l’attaque du quartier général du G5 à Sevaré. Le Mali qui partage 2 300 km de frontières avec la Mauritanie est le maillon faible du G5 Sahel. Présidé par le nigérien Mouhamadou Issoufou, le G5 est confronté au défi du financement.
Emmanuel Macron, grand invité de l’Union Africaine. Attendu à Nouakchott dans ce qui sera le clou de ce 33 ème sommet de Nouakchott, le président français devait se rendre à Kiffa (600 km à l’Est) vers cette frontière Mali qui constitue le principal point de vulnérabilité sécuritaire de la Mauritanie.
Le contre sommet de Nouakchott. Des organisations de la société civile et des opposants politiques ont organisé un «contre sommet» , le 29 juin, à la veille de la rencontre pour dénoncer des cas de famine dans le pays. En outre, le collectif des veuves des militaires et civils, victimes des événements de 1989 – 1992 interpelle, dans une lettre, les chefs d’état sur leur combat pour la vérité sur les assassinats commis sur leurs proches. La question de la cohabitation entre negro-africains et arabes est un problème récurrent depuis l’indépendance du pays en 1960.
Dia El Haj Ibrahima