Les contestations nées de l’augmentation du prix du litre du carburant à la pompe ne retombent pas malgré l’effort de pédagogie déroulé ce mardi 3 juillet 2018 par le ministre Guinéen des hydrocarbures. En conférence de presse, Diakaria koulibaly a expliqué en substance que la subvention du carburant n’était pas pertinente car ne profitant selon lui qu’aux gros consommateurs et occasionnant un rétrécissement de l’assiette fiscale avec un manque à gagner de plusieurs milliards de francs Guinéens de recettes.
La décision du gouvernement s’appuie en réalité sur deux arguments majeurs. Le premier est celui qui s’appuie sur les recommandations des institutions de Bretton Woods qui préconise à la Guinée d’élargir son assiette fiscale en termes de mobilisation de ressources intérieures, pour consolider ses performances économiques. Ce qui astreint le gouvernement à mettre un terme aux subventions y compris dans le secteur des produits pétroliers.
Le second, c’est celui du protocole d’accord signé en février 2016 avec le mouvement syndical disposant les conditions préalables pour une éventuelle augmentation du prix de carburant à savoir que le prix du carburant devait rester figé à 8.000 GNF le litre pendant toute l’année 2016 et qu’au-delà de 57 USD le prix unitaire du baril, le gouvernement pouvait augmenter le prix du carburant de concertation avec les acteurs sociaux.
Le gouvernement s’appuie donc sur le fait que le cours de baril oscille actuellement entre 75 à 78 USD soit un pourcentage d’augmentation d’environ 58% par rapport à mars 2015 où le cours de baril se situait entre 46 à 48 USD. Et depuis le mois d’octobre 2017, ces préalables sont satisfaits légitimant, selon les officiels Guinéens, toute décision d’augmentation du prix du carburant.
« À ce jour, le prix de 8.000 GNF le litre est en retrait sur le prix réel calculé aux consommateurs en raison de la tendance fortement haussière des prix internationaux du baril, justifiée par la baisse de la production mondiale du pétrole (suite à l’accord intervenu entre les pays de l’OPEP en novembre 2017). Ainsi le prix moyen dans les pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal se situe autour de 11.500 GNF le litre soit une différence de 3.500 GNF par litre » justifie Diakaria koulibaly.
Pour lui, l’ajustement du prix du carburant est devenu une nécessité pour permettre à l’État de conforter sa surface financière et redresser conséquemment le dépannage budgétaire qui prévaut.
Malgré la grève de protestation de 3 jours déclenchée par les syndicats et l’appelle à la ville morte de la société civile, le gouvernement Guinéen n’a pas encore cédé à l’exigence des syndicalistes, celle de ramener le prix du carburant à son prix initial, c’est-à-dire de 10 000 GNF à 8000 GNF. Le gouvernement quant à lui est plutôt dans l’optique des mettre en place des mécanismes « d’accompagnement ».
Dans l’opinion, la pilule a toujours du mal à passer, les Guinéens s’étant habitués aux subventions de l’État sur les produits pétroliers qui jouaient un rôle « d’amortisseur » contre le principe de flexibilité des prix des produits pétroliers, beaucoup de voix dans la société civile estiment que le gouvernement aurait dû trouver d’autres poches de recettes que les hydrocarbures, notamment dans les mines.
Le gouvernement qui n’entend pas se priver de cette manne financière rétorque que les ressources, tirées de la diminution de la subvention publique sur les prix des produits pétroliers, devraient servir à la réalisation d’infrastructures et à l’amélioration des services sociaux de base. Les négociations avec les syndicats se poursuivent…